++ WEBTUBE : Le petit village de Belcaire ne vous dit probablement rien. Situé en haute vallée de l’Aude, aux confins de l’Ariège et des Pyrénées-Orientales, Belcaire compte environ quatre cents habitants. C’est un de ces « territoires » qui se situent « en régions », comme on dit à Paris. Un village encaissé dans une vallée, entouré de forêts, avec son supermarché, son petit lac et, bien sûr, un cimetière où reposent les anciens – un de ces cimetières dans lesquels il doit y avoir une poignée de noms, qui sont aussi ceux que l’on retrouve sur les monuments aux morts. Quiconque connaît la sauvage beauté des paysages audois, mais aussi la profonde solitude de ceux qui habitent dans cette « campagne de la campagne » que sont les villages isolés, ne pourra qu’être touché par l’histoire qui, dans le silence de l’hiver, est arrivée à Belcaire.
Dans un monde qui croule sous le poids de la nullité…
Entre Noël et le Nouvel An, les villageois ont découvert que le petit cimetière, justement, avait été profané. Cinq caveaux et dix cercueils ont été ouverts? Prévenue, la gendarmerie n’a pu que constater les ravages de cet acte de… de quoi, au juste ? On hésite à qualifier cela de malveillance. On ne peut pas appeler ça du terrorisme non plus. Il y a, dans cet acte qui consiste à violer le repos des gens qui ont vécu sur ces terres, quelque chose de totalement gratuit, d’apolitique. C’est probablement dans cette direction qu’il faut chercher.
On nous pardonnera ici d’être un peu mystique, mais il semble beaucoup trop facile d’attribuer cet acte, passé totalement inaperçu, à la jeunesse désœuvrée du village, ou d’un autre, ou d’ailleurs. La possibilité d’un vol de bijoux, si elle n’est évidemment pas à exclure, semble bien limitante. À la vérité, l’idée même, entre la naissance du Christ (devenue fête des cadeaux, certes) et celle de l’an nouveau (devenue une vaste murge obscène), d’aller nuitamment dans un cimetière pour ouvrir des tombes dépasse l’entendement. Il n’y a là-dedans rien de compréhensible, rien de rationnel.
Il faut peut-être se résoudre à la seule hypothèse qui vaille, justement parce qu’elle n’est pas rationnelle : ces gens, quels qu’ils soient, ne savent pas vraiment pour qui ils travaillent. Tous les romans plus ou moins apocalyptiques (on peut penser ici aux livres de Jean Raspail) mettent en scène, dans un monde qui croule sous le poids de la nullité, des hommes livrés à des pulsions démoniaques dont ils n’ont même pas conscience. C’est peut-être ainsi qu’il faut voir la triste et inquiétante histoire de Belcaire.
La barbarie, la violence, la bêtise et la laideur comme nouvelles normes
Pourquoi parler de ce fait divers, me direz-vous ? Eh bien, peut-être par fidélité à un monde rural dont tout le monde se moque éperdument, et dont il ne faut parler (sans l’idéaliser sottement comme un nouveau hameau de la reine toutefois) qu’avec respect ; peut-être pour avoir une tendre pensée pour ces anciens, qui pensaient reposer à tout jamais sous un sol tranquille ; et puis, surtout, parce que ce fait divers n’en est pas vraiment un. On ne cesse de constater, jusque dans les villes moyennes, le changement de modèle moral auquel nous sommes confrontés ; partout, ce sont la barbarie, la violence, la bêtise et la laideur qui sont la nouvelle norme. Jusque-là tenues à la longe par l’histoire, la culture, la vergogne ou la cohésion nationale, elles sont sorties des égouts de la conscience et tout le monde trouve cela normal. Le dégueulis moral atteint les petits villages, désormais, les forêts de sapin, les lacs paisibles et les maisons enneigées. Gardons courage, mais prenons la mesure de l’époque sans naïveté.
++ WEBTUBE : Il n’est pas un jour sans que les lobbys éoliens tentent d’implanter leurs machines en France. Aujourd’hui, c’est l’une de nos plus belles demeures historiques du bord de Loire, le château d’Amboise, qui est en danger. Symbole de la Renaissance française, l’édifice voulu par Charles VIII à la fin du XVe siècle domine un vaste paysage à la confluence de la Loire et de l’un de ses affluents, l’Amasse. Cette vue imprenable risque d’être gâchée par l’installation de quatre éoliennes.
Des « abords propices à l’éolien »
Selon Guillaume Jumel, directeur de Innergex France chargé d’installer les éoliennes, le site, situé à 15 km d’Amboise, et ses abords « sont propices à l’éolien ». Il existe déjà une voie LGV, dit-il, une autoroute et une nationale. Le préfet d’Indre-et-Loire, Patrice Latron, est allé lui-même vérifier, ce 13 janvier, si les éoliennes pouvaient être vues depuis les terrasses du château lors d’une simulation avec des ballons mis à la hauteur maximale des éoliennes. À l’aide d’une paire de jumelles, le préfet certifie que les ballons sont visibles mais ne semble pas alarmé : il n’est pas « inquiet pour les visiteurs du château », assure-t-il. Fort heureusement, le directeur du château classé monument historique depuis 1840 par le roi Louis-Philippe est d’un autre avis. Pour Marc Metay, « ce qui [me] préoccupe, c’est le paysage lointain, ce qu’on voit depuis les terrasses. Dans ce projet, il s’agit de point en mouvement, qui va attirer l’œil, c’est inévitable. »
La décision de la préfecture n’est pas encore prise, mais un avis positif pour l’installation du parc éolien serait un succès encourageant pour le lobby éolien dans notre pays. De quoi menacer d’autres sites de notre patrimoine privé ou public.
Car le monde éolien n’a de cesse, depuis plusieurs années, de construire de plus en plus de machines, de plus en plus grandes, ce qui n’est pas sans conséquences pour nos paysages et nos sols. Rappelons que selon l’Agence internationale de l’énergie, l’éolien produit environ 8,8 % de l’électricité en France quand le nucléaire en produit 62 %. Si le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires indique, sur son site Internet, que ces moulins à vent 2.0 n’atteignent que 120 à 155 m, la réalité est bien différente.
Toujours plus haut
Ainsi, en prenant un exemple parmi tant d’autres : dans la Haute-Vienne, six éoliennes furent élevées en 2019 à une hauteur de 200 mètres à bout de pale avec un mât d’une hauteur de 140 mètres. « Le précédent record était détenu par l’entreprise française Intervent, avec des éoliennes de 193 mètres du constructeur allemand Enercon installées à Chamole », précise le journal L’Usine nouvelle. Car on oublie souvent qu’à la hauteur du mât doit être rajoutée celle des palmes. Rappelons, enfin, que l’élévation de telles machines nécessite de solides fondations afin de résister aux assauts du vent.
De ce fait, le béton déversé dans nos sols renforce l’artificialisation de nos terres et leur destruction. Avec l’éolien, une écologie de façade organise la destruction de notre patrimoine et de nos paysages.
++ WEBTUBE : Dès sa nomination aux Affaires étrangères, Stéphane Séjourné s’est rendu en Ukraine. Pas une minute à perdre, il y avait là-bas tout un stock de Bescherelle à récupérer d’urgence. Avant de partir pour cette mission délicate, le fraîchement nommé ministre déclare au micro d’un journaliste : « Il faudra donner un coup de main sur la question des aides. » À quelque temps de là, le même sinistré de la langue française affirmait : « C’est en Ukraine que se joue aujourd’hui la défense des principes fondamentals du droit international. » La situation est alarmante. Les principes fondamentals sont menacés. Rien ne va plus.
"- Les principes fondamentales – C'est pas moi qui décidera – Ce qu'ont besoin" Dommage que pour le ministre des affaires étrangères, le Français soit une langue étrangère ! 🇨🇵 Tout le monde ne peut pas avoir une maîtresse… d'école !#Séjournépic.twitter.com/bEt6Emmgad
Selon une internaute, Stéphane Séjourné aurait été un élève assidu du lycée Franck-Ribéry. La déclaration (authentique) du célèbre footballeur-linguiste – « Le Touquet, c’est une ville que j’aime bien venir » – le destinait tout naturellement à rejoindre les rangs macroniens. Toujours en recherche de figures folkloriques, l’Élysée repère rapidement cet espoir de la diplomatie française. Lors du lancement du parti Renaissance, sa déclaration sur un plateau télé – « C’est pas moi qui décidera personnellement » – le place en pole position pour un poste prestigieux. Avant son départ pour l’Ukraine, une dernière bourde confirme son aptitude à dialoguer avec les grands de ce monde : « Ce sera l’occasion de voir ce qu’ont besoin les Ukrainiens. » En échange des Beshrelles, des quintals de vivres pourraient être envoyés à Kiev.
Record du malaise gouvernemental après trois jours de remaniement
À son retour, les journalistes espèrent une nouvelle envolée syntaxique. « Si j’aurais su, j’aurais pas venu » classerait Sébastien Séjourné dans la catégorie poids lourd du genre. Mais pas un mot. Il a déjà rejoint le nouveau ministre de l’Éducation nationale aux prises avec les révélations de Libération. Les deux concurrents détiennent le record du malaise gouvernemental après à peine trois jours de remaniement. Entre les mis en cause, la solidarité est de mise. « C’est même pas vrai qu’est-ce qu’on dit. » Le ministre des Affaires étrangères initie Amélie Oudéa-Castéra aux relations avec les médias tandis que celle-ci lui enseigne quelques rudiments de laïcité à la mode de chez nous. Le fruit de cette collaboration est attendu par Gabriel Attal. De son côté, Emmanuel Macron n’exclut pas un remaniement du remaniement. En Séjourné de tension, on fait qu’est-ce qu’on peut.
++ WEBTUBE : Se fondant sur une publication du 6 décembre dans la revue Nature, Didier Raoult a souligné que des altérations effectuées pour prolonger la durée de vie de l’ARN entraînent la production de protéines dépourvues de la pointe caractéristique (Spike). Ces protéines inconnues circulant dans le corps, associées à des cellules cancéreuses à multiplication rapide, contribuent à la formation de lymphomes, mettant en lumière un mécanisme potentiel de développement de cancers rapides induits par le vaccin.
«Il existe un lien entre vaccin contre le Covid-19 et lymphome», estime Didier Raoult. pic.twitter.com/u5oflzmvvy
Le hasard : Pfizer a fait l’acquisition du laboratoire Trillium, expert dans les traitements des cancers sanguins, pour une somme de 2,26 milliards de dollars. Cette démarche consolide davantage la position du géant pharmaceutique américain dans le secteur des traitements anticancéreux.
Tweet du Jour – Blog de P. Gibertie
Nouvelle étude : les «#vaccins» #Covid affectent les cellules souches de la moelle osseuse ; anémies, leucémies, cancers du sang. Heureusement #Pfizer a rachetant Trillium (spécialiste en thérapies contre le #Cancer)https://t.co/67T7FTxkTT
++ WEBTUBE : Jesse Lyu, le fondateur et CEO de Rabbit, présente le R1, un compagnon révolutionnaire fondé sur un modèle d’intelligence artificielle. L’objectif de Rabbit est de créer un appareil si intuitif que son utilisation ne nécessite aucun apprentissage, s’éloignant ainsi des systèmes d’exploitation actuels fondés sur les applications.
Présenté au CES 2024 de Las Vegas, ce petit compagnon propulsé par de l’intelligence artificielle veut changer l’utilisation que l’on fait de son smartphone. Rabbit propose une approche basée sur le langage naturel, permettant à l’ordinateur de comprendre et d’exécuter des actions en réponse à des instructions verbales.
Le R1 est présenté comme un appareil autonome équipé d’un écran tactile, d’un bouton de commande vocale, d’une molette de défilement, d’un microphone, de haut-parleurs, et d’une caméra rotative à 360° appelée l’Œil de Lapin.
Jesse nous montre l’utilisation du R1 pour des tâches variées, de la réservation d’un Uber à la commande de nourriture. Le compagnon peut également planifier des voyages, répondre à des e-mails, et même apprendre de nouvelles compétences grâce à un mode enseignement.
L’électronique du Rabbit R1 intègre un processeur MediaTek 2,3 GHz, 4 Go de RAM, 128 Go de stockage, un modem 4G, du Bluetooth et du Wi-Fi. Conçu par Teenage Engineering, le design reflète un esprit ludique et tranché, évoquant la Play.date de Panic. À seulement 199 $ (184,95 €) sans abonnement, le Rabbit R1 promet une autonomie d’une journée, bien que les détails restent limités.
Le fondateur et CEO de Rabbit dénonce la complexité des smartphones, devenus des armoires d’applications, soulignant la simplicité de son compagnon intelligent. Jesse Lyu, CEO de la startup, critique les assistants vocaux classiques, affirmant que Rabbit R1 offre une alternative plus intelligente et accessible.
++ WEBTUBE : Étienne Guéreau entre dans une analyse plus détaillée de la composition, soulignant l’utilisation d’un style ibérique par Gotan Project, spécialistes du tango. La critique se focalise sur la mélodie, l’harmonie, l’orchestration et le rythme, qu’il ne le trouve pas particulièrement captivant. Le fond en un mot ? « Médiocre ». Un spectacle qui ressemble à un spectacle de fin d’année d’école primaire.
++ WEBTUBE : Est-ce la goutte d’eau qui va faire déborder le vase ? Vendredi dernier en tout début de soirée et alors que les portes de l’école André Allar s’apprêtaient à fermer en vue du week-end, une personne travaillant au sein de l’établissement a été blessée à la tête, victime d’un jet de projectiles en provenance d’un des immeubles qui entoure cette école maternelle et primaire du 15e arrondissement de Marseille. Les motivations des auteurs de ces jets, pour la plupart des sans-papiers relogés par des associations, ne sont pas clairement identifiées.
Les enfants et le personnel de l’école André Allar sont visés depuis de longs mois par des objets et des déchets jetés par les locataires de plusieurs appartements encerclant la cour de récréation. De nombreux parents d’élèves, à bout de nerfs, implorent la mairie d’agir pour protéger leurs enfants.
Comme révélé par La Provence et confirmé au Figaro de sources concordantes, c’est une femme de 33 ans, membre du personnel de l’école, qui a reçu les projectiles, qui s’apparenteraient à des «grosses vis». Évacuée consciente à l’hôpital, elle a été prise en charge par les marins-pompiers de Marseille et est désormais hors de danger. «Cette personne, déjà visée par des crachats en présence d’agents municipaux, a été atteinte par un projectile alors qu’elle sortait de l’école maternelle», témoigne un parent d’élève qui a souhaité rester anonyme.
L’école André Allar, son personnel et ses 195 élèves sont depuis de nombreux mois la cible de jets d’objets en tout genre : des peaux de banane, des couches-culottes, des excréments ou même un véritable sabre ont été retrouvés dans la cour de récréation de l’établissement, parfois à quelques centimètres de certains enfants. Les auteurs de ces jets, clairement identifiés par les parents d’élèves et visés par une enquête de police, résident dans des immeubles encerclant l’établissement et dont les appartements donnent directement sur la cour. […]
++ WEBTUBE : Ce constat vaut particulièrement lorsque l’on s’intéresse à la ventilation des naissances selon le lieu de naissance des parents. Ainsi, depuis l’an 2000, le nombre annuel d’enfants nés sur le territoire et issus de deux parents eux-mêmes nés en France a diminué de 22% ; mais dans le même temps, les naissances issues d’au moins un parent né hors-UE ont augmenté de 40% et celles issues de deux parents nés hors-UE ont augmenté de 72%. Cela signifie que la France se trouve aujourd’hui confrontée à des dynamiques de fécondité contradictoires sur son sol : la natalité « native » se contracte fortement, tandis que la natalité issue de l’immigration extra-européenne augmente de manière très significative. Un tel constat se retrouve dans la répartition globale des naissances : près d’un tiers (29%) des enfants nés en France en 2022 ont au moins un parent né hors de l’Union européenne.
Ce bouleversement démographique doit être compris par l’action conjointe de deux moteurs explicatifs : l’accélération des flux migratoires d’une part, la natalité différenciée de certaines populations immigrées d’autre part. La hausse rapide et forte de l’immigration vers la France depuis la fin des années 1990 est attestée par de multiples indicateurs, le plus central résidant dans l’évolution du nombre annuel de premiers titres de séjour accordés par notre pays : celui-ci a augmenté de 153% entre 1999 et 2022 – dans l’attente des premières données provisoires pour 2023 qui devraient confirmer cette tendance haussière.
(…)
Par ailleurs, plusieurs études institutionnelles attestent de l’existence d’un différentiel de fécondité notable entre les femmes immigrées de certaines origines et les femmes non immigrées. L’un de ces travaux scientifiques, publié par l’Ined en 2019 et portant sur les données de l’année 2014, établissait ce fait de manière saisissante : les immigrées algériennes en France avaient en moyenne 3,69 enfants par femme, soit nettement plus qu’en Algérie même (où l’indice conjoncturel de fécondité était seulement de 3 enfants par femme).
Le même constat différentiel vaut pour les femmes immigrées tunisiennes, marocaines et turques, dont le taux de fécondité en France était compris entre 3,12 et 3,5 enfants par femme, tandis que l’indice de fécondité dans leurs pays d’origine se situait entre 2,1 et 2,4 enfants. Les études démographiques indiquent que les taux de fécondité des personnes immigrées ont tendance à diminuer à la génération suivante et à converger progressivement vers la moyenne des natifs. Toutefois, cette convergence est lente et ses effets se trouvent fortement mitigés par l’accélération des nouveaux flux entrants, d’autant plus que le pic de naissances chez les femmes immigrées se situe dès la première année suivant leur arrivée en France – comme l’Insee l’a établi dans une étude parue au printemps dernier. Il se maintient à un niveau particulièrement élevé durant les cinq années qui suivent leur installation, puis diminue ensuite progressivement.
++ WEBTUBE :La Cour des Comtes a publié, en retard, un rapport sur l’immigration irrégulière qui aurait pourtant pu alimenter le débat autour de la loi immigration. Il n’en a rien été, les priorités de M. Moscovici n’étant sans doute pas celles des Français en la matière. Pour évoquer ce rapport (consultable ici), nous avons interviewé l’un des spécialistes français de la question du coût de l’immigration, Jean-Paul Gourévitch.
Breizh-info.com : Tout d’abord, comment percevez-vous le fait que ce rapport sorte après le vote de la loi immigration ?
Jean-Paul Gourévitch : De fait le rapport de la Cour des comptes sur la lutte contre l’immigration irrégulière, délibéré en séance les 26 et 27 octobre 2023, et examiné le 7 novembre par le Comité du rapport public et des programmes sous la présidence de Pierre Moscovici n’a été publié que le 4 janvier 2024. Le Président a justifié ce retard par le fait qu’il ne voulait pas « interférer » dans le débat parlementaire sur la loi immigration. S’agit-il d’une interprétation extrême de l’article L 120-3 du Code des juridictions financières qui précise que « tout magistrat de la Cour des comptes…prête serment de garder le secret des délibérations et de se comporter en tout comme un digne et loyal magistrat », d’une rétention volontaire d’information pour des motifs politiques, ou d’une bonne manière faite à la Macronie largement étrillée dans le rapport qui n’aurait ainsi pas à être accusée dans une séance parlementaire d’imprévoyance et d’impuissance. Je considère qu’il y a toujours intérêt à communiquer les informations dont on dispose pour vivifier le débat et ne pas le faire dériver vers des invectives, ses émotions surjouées et des chiffres non sourcés sur un sujet clivant et qui, comme le montrent les sondages, constitue une préoccupation majeure des Français.
Breizh-info.com : Que vous inspire ce rapport dans le détail ? Quid de la comparaison avec vos chiffres ?
Jean-Paul Gourévitch : Ce rapport qui comporte 141 pages est un document de référence qui s’appuie sur des enquêtes faites auprès des deux administrations principalement concernées, la DGEF (Direction Générale des Etrangers en France) et la DNPF (Direction Nationale de la Police aux Frontières). Il a été élaboré à partir de déplacements dans 6 départements de la France et de l’Outre-mer, de la visite de 5 CRA (Centres de Rétention administrative), de 3 zones aéroportuaires, de 4 zones frontalières, de consultation de 5 systèmes d’informations statistiques, d’entretiens avec des organismes institutionnels, des acteurs de terrain, des chercheurs et des responsables associatifs, des comparaisons avec les dispositifs de lutte contre l’immigration irrégulière dans 4 pays : l’Allemagne, l’Autriche, la Croatie, l’Espagne. C’est dire l’importance des constats formulés et des suggestions de remédiation.
Les chiffres évoqués dans le rapport ne sont pas contradictoires avec ceux de notre étude d’autant plus qu’ils sont parfois issus des mêmes sources. En revanche ils en diffèrent sur deux points.
Le rapport se refuse à quantifier l’immigration irrégulière, se contentant de renvoyer au dernier chiffre estimé sur les bénéficiaires de l’AME (466 000 personnes fin 2023) tout en notant que cet indicateur est insuffisant pour approcher cette population puisque tous les migrants irréguliers n’y ont pas recours. De fait, selon une étude de l’IRDES (Institut de Recherche et de Documentation en Economie de la Santé), menée conjointement avec des chercheurs des Universités de Paris Dauphine et de Bordeaux, publiée en juillet -août 2023 mais qui porte sur l’année 2019, seuls 51% des étrangers bénéficiaires de l’AME y auraient recours. Ce qui par péréquation aboutirait à un stock de 914 000 étrangers en situation irrégulière en France à l’époque.
Il nous semble hasardeux de publier une étude sur l’immigration irrégulière sans chercher à la quantifier même si nous savons que ces estimations sont par définition aléatoires et vont de 400 000 à plus d’1,5 million. Nous avons par recoupements d’informations, établi que cette population s’inscrivait dans une fourchette autour de 800 000 personnes (600 000 en métropole + 200 000 en outre-mer).
D’autre part, le rapport estime le coût de la lutte contre l’immigration irrégulière à 1,8 milliards d’euros. Mais les trois paramètres qu’il retient – le coût d’une journée de rétention, le coût d’un éloignement forcé, le nombre de fonctionnaires et de militaires mobilisés – n’intègrent ni le surcoût de l’hébergement d’urgence, ni le coût des déboutés qui restent sur le territoire, ni la procédure d’« étrangers malades », préconisée par des associations de défense de migrants qui constitue un détournement du droit d’asile par des déboutés. Notre estimation aboutit au double de ce chiffre.
Breizh-info.com : Dans vos études, vous mentionnez un coût de 54 milliards d’euros pour l’immigration en France. Pouvez-vous expliquer comment ce chiffre a été calculé et quels facteurs sont pris en compte ? Quelle méthodologie utilisez-vous pour évaluer le coût de l’immigration, et comment assurez-vous l’objectivité de vos recherches ?
Jean-Paul Gourévitch : Cela fait plus de 15 ans que Contribuables Associés publie mes études sur le coût de l’immigration (et sur celui de l’émigration) qui sont régulièrement actualisées. Dans ces monographies qui ne concernent que le coût pour le pays d’accueil et dont nous rappelons toujours qu’elles sont à consommer avec modération, nous comptabilisons les recettes fiscales et sociales dues aux migrations régulières, ainsi que les dépenses sociales et les coûts indirects générés par ces migrants : coûts de structure, régaliens, sociétaux, humanitaires et éducatifs. Nous y ajoutons les surcoûts de l’immigration irrégulière, la rentabilité des investissements de l’Etat, extérieurs pour freiner la pression migratoire dans les pays de départ et intérieurs pour améliorer la situation des immigrés et de leurs descendants, et la contribution des migrants et de leurs enfants au PIB de la nation, domaine souvent passé sous silence.
Ce déficit est nettement supérieur à celui calculé par les économistes « de gauche » qui le situent entre 1,4 et 19 milliards d’euros, légèrement supérieur à celui des institutions comme l’OCDE et des instituts de recherche comme Fondapol qui l’estiment entre 33 et 40 milliards d’euros mais ne prennent pas en compte l’immigration irrégulière. Il est inférieur à celui des économistes « de droite » pour lesquels il s’établit entre 70 et 84 milliards d’euros et très loin des études du groupe Polemia qui constatent en 2019 « un bilan négatif à l’intérieur d’une fourchette comprise ente 256 milliards d’euros dont 193 milliards d’euros pour la population immigrée tiers (c’est-à-dire d’origine non européenne NDLR) et 298 milliards d’euros » (André Posokhow).
Il serait ridicule de ma part de dire que c’est la seule étude objective sur la question. Je respecte mes collègues chercheurs qui arrivent à des résultats très différents à partir du moment où ils explicitent de quelles bases de données ils sont partis, quelle méthode ils ont utilisée et quels résultats ils ont obtenus.
Breizh-info.com : Comment l’immigration, légale et illégale, impacte-t-elle l’économie française de manière générale ? Y a-t-il des bénéfices non quantifiables ?
Jean-Paul Gourévitch : J’ai ajouté cette année un chapitre consacré à ce que Posokhow lui-même appelle « la pénombre de l’immigration », qui concerne des domaines où nous connaissons à peu près les dépenses mais où nous ignorons les recettes qu’elles génèrent ce qui ne permet pas de les intégrer à nos comptes. C’est par exemple le cas des investissements éducatifs, de la politique de la ville ou des dépenses de l’Etat pour les étudiants étrangers. Nous avons pu par exemple calculer le coût annuel pour l’Etat des quelque 380 000 étudiants étrangers en France qui s’établit à environ 4, 6 milliards d’euros y compris les amortissements des locaux et les dépenses d’ enseignements.
Mais parmi ces étudiants certains iront jusqu’au bout de leurs études, resteront en France et leur travail contribuera ainsi au PIB de la nation. Combien sont-ils ? Personne ne le sait. Nous avons plusieurs fois proposé qu’une étude soit menée sur cette question qui est déterminante pour l’orientation de notre politique d’accueil et les finances de l’Etat. Les Ministères concernés (Education, Affaires Etrangères) ont répondu que c’était une très bonne idée… et le dossier a été rangé dans les tiroirs.
Breizh-info.com : Vos travaux ont suscité des critiques médiatiques, notamment sur l’interprétation des chiffres. Comment répondez-vous à ces critiques ?
Jean-Paul Gourévitch : Il y a deux types de critiques. Les unes sont scientifiques et invitent au débat. Je m’y prête volontiers d’autant plus que certaines sont fondées et me permettent d’améliorer d’une étude sur l’autre l’approche des coûts. Malheureusement la plupart sont idéologiques et partent du principe, aujourd’hui dépassé, que toute étude sur l’immigration est automatiquement proche de l’extrême-droite.
J’en avais déjà été victime lors de la sortie en 2014 des Migrations pour les Nuls (First) où suite à une dépêche incendiaire de l’AFP, reprise par 51 journaux de la presse écrite, de l’audiovisuel et du net dont les auteurs n’avaient ni lu l’ouvrage, ni consulté l’auteur ni l’éditeur, j’ai été immédiatement ostracisé par la quasi- totalité des medias qui jusque là m’accueillaient. Le procès que j’ai engagé et qui m’a coûté bien plus que mes droits d’auteur- mais l’honneur n’a pas de prix- a permis de faire passer quelques droits de réponse mais ceux-ci sont publiés avec des mois de retard et le mal est fait.
Cette année, dès la publication dans les medias de l’étude pour Contribuables Associés sur « le coût de l’immigration en 2023 », ma page wikipedia a été décapitée par une militante qui répond au pseudonyme de Chouette Bougonne. En 31 contributions successives postées le même jour, elle a décapité ma page en supprimant d’un clic tous les chapitres concernant mes travaux : littérature de jeunesse, image politique, illustration, Afrique, Méditerranée… Elle n’a gardé que ceux concernant l’immigration qu’elle a transformés en acte d’accusation en enlevant tous les éléments favorables pour ne conserver que les critiques.
Dans un premier temps j’ai joué le jeu de la discussion et ai commencé à répondre point par point à ses observations, mais à chaque fois elle supprimait mon texte, ce qui fait que personne ne pouvait en avoir connaissance. Comme j’ai protesté, elle m’a fait interdire de Wikipedia ainsi que d’autres contributeurs qui trouvaient le ton de cette page contraire à la déontologie de la plate-forme. Depuis, tous ceux qui ont essayé de reconstituer ma page, et qui ont pu rajouter quelques lignes, une fois repérés par Chouette Bougonne, ont été menacés d’interdiction voire carrément exclus de contribution.
Contribuables Associés a demandé à France-Info, qui avait repris cet acte d’accusation à la lettre, un droit de réponse. France Info a refusé. L’association a donc saisi l’ARCOM qui deux mois après, malgré une relance, n’a toujours pas répondu. J’ai de mon côté consulté deux avocats qui m’ont dissuadé de porter plainte en faisant valoir que jamais Wikipedia même sur réquisition du juge n’avait accepté de livrer l’identité de ses contributeurs. J’ai écrit à la direction juridique internationale de la plate-forme qui dans un premier temps avait proposé de déréférencer ma page, ce que j’avais accepté comme un moindre mal, mais ils m’ont renvoyé sur Wikipedia France qui m’a renvoyé sur eux. Sans commentaires.
Breizh-info.com : Comment la situation en France se compare-t-elle à celle d’autres pays européens en termes de coûts et d’impacts de l’immigration ? Quelles politiques publiques recommanderiez-vous pour faire face à cela ? Comment voyez-vous l’évolution du coût de l’immigration en France et en Europe dans les prochaines années ?
Jean-Paul Gourévitch : Il faudrait un ouvrage entier pour répondre à ces questions. Je dis seulement que mon objectif n’est pas de recommander telle ou telle politique migratoire, mais de faire un état des lieux aussi documenté et objectif que possible afin que chacun puisse faire ses choix en pleine connaissance de cause.
++ WEBTUBE : Vous souvenez-vous des Autolib’, ces petites voitures Bluecar gris métallisé qu’on pouvait louer dans Paris autour des années 2010 ? C’était l’avènement de l’autopartage, la belle idée lancée par Bertrand Delanoë. Les Autolib’ sont mortes le 3 juillet 2018 à 23h59. Direction la casse, tout comme leurs jolies petites stations en demi-lune, vite devenues chambres d’hôtes pour clochards. On les a retrouvées en 2021, alignées par centaines, sur l’ancien parking des usines Matra de Romorantin-Lanthenay. Le groupe Bolloré, qui gérait la chose, disait alors pudiquement qu’Autolib’ « n’a pas trouvé son modèle économique dans la capitale ». Mais ses casseurs, oui. Avec un déficit cumulé de 300 millions d’euros, dont 233 revenaient aux communes au terme du contrat (en 2023), c’était un doux euphémisme pour « ces voitures, qui incarnaient le renouveau de la mobilité urbaine ».
Succès des Vélib’… à Bamako
Vous souvenez-vous du fiasco des Vélib’ à Paris, ces lourds vélos gris dont beaucoup ont fini dans la Seine ou le canal Saint-Martin ? On a même dit que c’était, avant les trottinettes, le deux-roues le plus courant dans les rues de Bamako… Les Vélib’ sont morts en 2017, remplacés par Vélib’ Métropole. Enfin, disons qu’il a fallu beaucoup de temps, de patience et d’argent pour les remplacer : chantiers à l’arrêt, locations impossibles pour les abonnés au service, mises à jour du logiciel, changement des fourches des vélos… le lancement fut une annus horribilis pour le gestionnaire Smovengo et les Parisiens.
Question du jour : vous souviendrez-vous de Zity, la petite voiture verte et blanche actuellement en libre-service dans la capitale ? Figurez-vous que Renault Mobilize jette aussi l’éponge : « À Paris, le nombre de dégradations sur nos véhicules est supérieur, en moyenne, de 72 % par rapport aux autres villes, c’est un phénomène très important », dit sa porte-parole à 20 Minutes. En conséquence, fin des réjouissances ce 15 janvier en raison de « facteurs externes à l’entreprise ». Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites. Car il faut bien sûr comprendre : dégradations, saleté…
Vandalisme et saleté, une spécialité parisienne
Bref, « face à un nombre croissant d’incivilités, mais aussi de manque de maintenance, la start-up Zity vient d’annoncer qu’elle quittait la capitale », écrit Le Parisien. Et la porte-parole de Renault de déplorer : « En tant que Parisienne, ça me fait mal de me dire que nous ne sommes pas capables de conserver un service qui fonctionne ailleurs. » Eh oui, car voilà encore une exception française et surtout parisienne, sachant qu’on recense 72 % de dégradations en plus dans la capitale, ce qui a pour conséquence l’impossibilité d’entretenir la flotte des Zity. Et les usagers de citer, en vrac : rétroviseurs détruits, absence de vitre à l’arrière, odeurs de shit ou de vomi, déchets – on en passe, et de pires.
L’aventure aura duré trois ans et demi, contre huit ans pour Autolib’, une preuve supplémentaire que la situation s’arrange dans la capitale, sans doute ? La start-up reste encore implantée à Lyon (pour combien de temps ?) avant de se replier chez nos voisins plus civilisés : Milan et Madrid où, étrangement, ses véhicules ne sont pas dégradés…
On en profite pour signaler à Mme Oudéa-Castera, fraîchement nommée ministre du tra-la-la, que la Zity était censée devenir le véhicule vedette des Jeux olympiques. On suggère son remplacement par la voiture à bras.