. Cyberattaque à Beauvau : « On entre dans les fichiers régaliens comme dans un moulin »

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#webtube : Grand criminologue français, Xavier Raufer revient sur la cyberattaque qui a visé le ministère de l’Intérieur. C’est un mystère qui reste entier, mais dont on devine déjà l’ampleur des conséquences sur le ministère de l’Intérieur. Dans la tempête provoquée par la cyberattaque qui a visé la Place Beauvau, son locataire, Laurent Nuñez, s’est exprimé, ce mercredi 17 décembre, sur France Info, pour confirmer « une intrusion malveillante, il y a quelques jours », au sein des services informatiques du ministère. Quelques dizaines de fichiers confidentiels exfiltrés, selon lui, un accès aux services de messagerie et des consultations de fichiers du traitement d’antécédents judiciaires (TAJ) et de celui des personnes recherchées (FPR) : il n’en fallait pas plus pour jeter le trouble sur ce qui pourrait bien devenir un scandale d’État.

Une cybersécurité laissée à l’abandon

Une situation rendue possible, analyse le criminologue Xavier Raufer auprès de BV, par une succession de choix ayant conduit à l’abandon progressif de la cybersécurité en France. Et ce, alors même qu’un « exercice de crise de grande ampleur », baptisé REMPART25, avait été organisé, en septembre, par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) « pour faire monter d’un niveau la résilience cyber de la France », selon la communication gouvernementale. Mille entreprises et entités publiques avaient alors été invitées à « se confronter aux impacts fulgurants d’une crise d’origine cyber », autour d’un scénario unique conçu pour l’occasion.

Des exercices qui n’ont visiblement pas suffi à préparer le ministère de l’Intérieur aux conséquences que l’expert estime dues à plusieurs années de « numérisations massives » menées « à la hâte » dans de larges pans de l’administration et exécutées « avec des moyens insuffisants, notamment en matière de sécurité ». Une numérisation présentée comme source d’économies substantielles en réduisant le recours aux agents chargés des dossiers papier, mais réalisée, selon Xavier Raufer, au détriment de la rigueur nécessaire en matière de protection des données.

Des fichiers sensibles potentiellement compromis

Depuis la révélation du piratage, un groupe actif sur un espace de discussion fréquemment utilisé par les cybercriminels a revendiqué l’attaque, a indiqué Le Figaro, affirmant détenir les données de plus de 16 millions d’individus après avoir « compromis les fichiers de la police »« Soit le ministère de l’Intérieur ne sait vraiment pas ce qui lui a été volé, et ce n’est pas glorieux, soit il nous ment, tellement c’est énorme. Dans les deux cas, c’est extrêmement dommageable : on entre dans les fichiers des ministères régaliens à peu près comme dans un moulin », déplore le criminologue.

S’agissant du traitement d’antécédents judiciaires, si la détention de ces données est confirmée, l’atteinte serait majeure, poursuit-il. « Si jamais des bandits achètent ces données aux pirates, ils savent exactement ce que le gouvernement sait sur eux. C’est ennuyeux : ils peuvent mieux se préparer aux activités de la police. » Une fuite qui viendrait balayer l’avance dont disposaient jusqu’ici les autorités sur les criminels et délinquants, comparée par l’expert à une « épée de Damoclès ».

Même inquiétude pour le fichier des personnes recherchées. Xavier Raufer raconte avoir déjà eu affaire à des individus hésitant à rentrer en France, craignant d’être arrêtés sans savoir s’ils faisaient l’objet de recherches. « Avec une fuite comme celle-là, si elle est confirmée, ils pourront se régaler », tranche-t-il.

Une incertitude lourde de conséquences

Quelle que soit l’ampleur réelle des dommages, et même si le groupe à l’origine de l’attaque affirme vouloir entrer en négociation avec la France, l’intention des pirates demeure inconnue. Les données ont-elles seulement été volées ? D’autres ont-elles été altérées ou détruites ? Une rançon sera-t-elle exigée ? Si Laurent Nuñez a écarté cette dernière hypothèse, « dans tous les cas, le ministère de l’Intérieur doit agir comme si l’irréparable avait été commis, car tant que l’on ne sait rien, on est obligé d’envisager le scénario le plus grave », estime Xavier Raufer.

Une chose demeure certaine : la Place Beauvau ne sortira pas indemne de cet épisode.

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