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#webtube : Robert Ménard fait des émules ! Henri IV n’a, dit-on, jamais mis les pieds à Béziers même s’il en a créé, par lettre patente, le lycée portant son nom — mais « Ralliez mon panache blanc » semble être la nouvelle devise de Robert Ménard. Le maire de Chessy, en Seine-et-Marne, a été inspiré par son exemple et l’a même contacté pour prendre conseil. Ce maire est-il de ces braves gens qui deviennent, sur un coup de sang, des gens braves parce qu’ils n’en peuvent plus de courber l’échine ? Ou bien l’approche des élections lui souffle-t-elle dans l’oreille qu’envoyer un message de fermeté, s’agissant de la gestion de l’immigration dans sa ville, serait une bonne idée ? Difficile de savoir. Peut-être un peu tout à la fois. Quoi qu’il en soit, le résultat est là. Avec ses adjoints, il a pris la décision de démissionner collectivement plutôt que de marier un homme sous OQTF.
Pas de conte à dormir debout à Chessy
Plantons le décor : Chessy, une petite ville dont l’origine remonte, dit-on, à l’âge de fer, avec son église Saint-Nicolas et son auberge antédiluvienne du même nom, ressemble à des milliers d’autres petites villes de France. Mais elle a une caractéristique : elle est près de Disneyland. Ce n’est pas pour autant qu’il faut essayer de lui faire prendre un mariage blanc pour un conte de la Belle au bois dormant.
En mars dernier, un dossier de mariage est déposé en mairie, et comme l’impose la loi, sont auditionnés séparément les deux demandeurs. Madame – enfin, mademoiselle… – n’est pas française mais est une ressortissante européenne. Monsieur est en situation irrégulière, frappé d’une OQTF. De l’audition ressort que ce dernier semble plus motivé par ses papiers que par la mariée. De ce fait, le dossier est signalé au procureur de la République, conformément au Code civil.
Selon le maire, le procureur n’a manifestement pas rencontré les demandeurs, mais – sans doute fleur bleue, grand lecteur de la collection Harlequin ou des œuvres complètes olé-olé de Bruno Le Maire ? – il ne doute pas de la sincérité de la relation : son petit cœur lui dicte de ne pas s’opposer au mariage. L’amour n’est-il pas plus fort que tout ? D’ailleurs, dit-il, la future mariée n’étant pas française, le futur marié n’obtiendra pas de titre de séjour. Le maire lui rétorque que le conjoint d’un ressortissant européen peut bénéficier d’un titre de séjour, et le conserver même en cas de divorce.
Parce que l’union leur semble insincère et qu’ils ne veulent pas la célébrer, les officiers d’état civil ne publient pas les bans. Qu’à cela ne tienne, le couple – très bien conseillé… – engage une procédure en référé contre le maire de Chessy devant le tribunal judiciaire : une ordonnance du 10 décembre dernier enjoint publication des bans dans un délai de 48 heures et fixation de la date du mariage avant la fin de l’année 2025.
On admirera la cacophonie des représentants de l’État. Le préfet, le maire, le procureur tirent chacun dans une direction opposée. Et c’est, à la fin, l’édile qui paie les pots cassés et risque d’être condamné.
Car si des deux solutions possibles – rester maire ou démissionner en chœur -, de l’avis même de Robert Ménard, celle du maire de Chessy est la plus astucieuse… il n’est pas impossible que le procureur, in fine, le poursuive.
L’épée de Damoclès au-dessus de Robert Ménard
Robert Ménard, quant à lui, considère avec sympathie son émule, qu’il qualifie de courageux, en plus imagé, c’est-à-dire doté de cet organe dont Chirac disait qu’on ne pouvait pas faire de greffe, faute de donneurs. Quant à lui, qui a montré l’exemple, il attend la date de son procès en correctionnelle. Il n’est pas du genre à se coucher : il aurait pu faire une passe à l’aile à l’un des ses adjoints pour s’en sortir discrètement en sauvant la face, comme le lui conseillaient certains. Il n’a pas, non plus, suivi les sirènes du procureur qui lui glissait qu’il suffisait de plaider coupable pour éviter que ça aille plus loin. Puisque coupable, il ne l’est pas.
À ce sujet — R. Ménard refuse de marier un OQTF : la Constitution ne protège pas les maires
Mais la correctionnelle est une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si une amende peut se payer, si une peine de prison, quand même, paraît peu probable… il en va autrement du spectre de l’inéligibilité. Surtout depuis que l’exécution provisoire est devenue très à la mode.
L’empêcherait-on de se présenter, lui, le maire emblématique de Béziers, si populaire, qui a relevé avec tant de talent sa ville ? C’est improbable… mais possible. Car en France, aujourd’hui, tout est possible. « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez au chemin de la victoire et de l’honneur », c’est la phrase complète. Et elle sied assez bien à ces édiles.
Gabrielle Cluzel, dans BV
