
#webtube : Effet Sarkozy ? Effet Bardella ? Effet Zemmour ? Effet Ciotti ? Effet Marion Maréchal ? En tout cas un phénomène de fond. Longtemps, sur la question des alliances, les électeurs LR ont été partagés, et partagés en trois ! Un tiers pour le centre, un tiers pour le RN et un tiers de ni-ni. Et cette division, à la fois cause et conséquence du double langage de ses chefs (très droitier en campagne, très centriste au pouvoir), contribuait à brouiller la ligne du parti, l’entraînant dans une descente aux enfers électorale, des 32 % de Sarkozy, en 2007, aux 4 % de Pécresse, quinze ans plus tard. Aujourd’hui, les courbes des deux partis LR et RN se sont croisées, le second remplaçant le premier, dans les circonscriptions et dans le leadership pour la présidentielle à droite : Marine Le Pen et Jordan Bardella sont donnés par les sondages à plus de 30 % au premier tour et vainqueurs au second.
Sarkozy adoube Bardella
Nicolas Sarkozy, auréolé de sa détention et figure tutélaire des LR, a jeté un pavé dans la mare, dimanche, en annonçant qu’il ne participerait plus à un front républicain contre le RN et que Jordan Bardella lui rappelait le jeune Chirac. Habile, certainement opportuniste (mais un opportunisme indique toujours le sens de l’Histoire) et pas faux. Il avouait par là même l’ampleur des trahisons de son parti et faisait sauter un tabou. Georges Michel, dans son édito de dimanche dernier, avait mesuré l’importance symbolique de ce qui ressemble à un adoubement. Et la politique, une élection présidentielle sont aussi affaire de symboles. Et de symboles qui se traduisent parfois en millions de voix, à l’arrivée. Alors, me direz-vous, Sarkozy, combien de divisions ?
Un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL, dévoilé mercredi 10 décembre, apporte la réponse : deux tiers des Français se positionnant à droite se disent favorables à une candidature commune LR-RN pour les législatives et les municipales ainsi qu’à la présidentielle ! Un véritable tremblement de terre : le peuple de droite souhaite l’union des droites ! Mieux : ces 7 Français (de droite) sur 10, ou deux sur trois, pour reprendre le mantra d’un autre président de la République, se rencontrent aussi bien chez les sympathisants de centre droit, de droite ou d’extrême droite. Candidatures communes, accords de désistement, que sais-je, la France de droite (et la France est très majoritairement à droite) ne veut plus se faire voler les élections : l’entourloupe des magouilles macroniennes post-dissolution a laissé des traces durables. Jean-Daniel Lévy, le directeur délégué de Toluna France, interrogé par RTL, estime que « la digue entre les électeurs de la droite classique et le Rassemblement national est en train de céder assez fortement. On avait sensiblement un Français sur deux qui était issu de la droite ou de l’extrême droite qui – jusqu’à présent – était plutôt favorable à des alliances. Maintenant, on voit qu’on peut avoir entre 60 et 70 % de cette population même qui est favorable. »
À ce sujet — [ÉDITO] Il est libre, Sarkozy !
Les pionniers de la fin du cordon sanitaire
On pourrait en déduire qu’il y a eu un véritable effet Sarkozy, ou que Sarkozy est simplement venu entériner un phénomène déjà largement acquis. En effet, un précédent sondage de juillet dernier, commenté par Yves-Marie Sévillia, donnait déjà ces chiffres de plus de 70 % des électeurs de droite favorables à l’union. Et en octobre, on atteignait même 80 %. Un phénomène de fond qui correspond à la réalité des problèmes du pays, de plus en plus criants, en termes d’immigration, de sécurité, d’indépendance, de souveraineté industrielle et agricole.
En effet, Sarkozy aura été précédé, ces dernières années, par Ciotti, Zemmour, Marion Maréchal et, chez LR, par Retailleau, Bellamy, Aubert et quelques autres. À Béziers, Robert et Emmanuelle Ménard furent aussi parmi les premières personnalités à incarner cette union, il y a douze ans, même si, entre-temps, les choses se sont compliquées (le RN présentera une liste aux élections municipales en 2026). Sans parler, évidemment, de Philippe de Villiers.
Quoi qu’il en soit des stratégies des hommes et des appareils dans les prochaines années, ce phénomène vient de loin et connaît une véritable dynamique à laquelle ils ne pourront pas échapper : les retardataires de l’ancien monde accrochés à leur front républicain et leur cordon sanitaire, comme Xavier Bertrand, seront balayés. Concrètement, quand les deux pôles de l’alliance à droite sont, l’un à 30 %, et l’autre sous les 10, la question des accords devient secondaire. Il ne s’agit plus que d’éviter les mots qui blessent, les soirs de premier tour. Et l’option siphonnage du plus petit par le plus grand est un classique. Sarkozy le sait bien. Seront plébiscités ceux qui sauront répondre habilement à cette aspiration, comme Sarkozy en 2007. Sans la trahir.
Frédéric Sirgant, dans BV
