. L’aveu dérangeant de Bégaudeau transforme la fenêtre d’Overton en baie vitrée

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#webtube: Sur LCI, la remarque de l’écrivain de gauche sur l’équipe de France brise le tabou sur « un point sensible de l’opinion » « C’est très fort, c’est scotchant, quand même », explique Ruth Elkrief, sur LCI, mardi dernier, d’entendre l’aveu sincère mais dérangeant de François Bégaudeau au sujet de l’équipe de France de football : « L’effectif est très… enfin, y a dix Noirs sur onze, quoi, ce qui est une tendance lourde dans le football français depuis quelques décennies.

Et je vois que ça me gêne […] » L’écrivain de gauche suppliait même alors ses compagnons de lutte de le comprendre : « Chers amis, chers camarades, chers racisés, chers antiracistes, comprenez que ça puisse titiller des petits Blancs comme moi qu’il y ait tant de Noirs en équipe de France, et c’est pas forcément du racisme. » Pour la journaliste, s’il faut remarquer son honnêteté, la remarque n’en reste pas moins gênante : comment expliquer que certains, à gauche, aussi, en viennent à espérer « une équipe plus représentative de la diversité française qui comprendrait aussi des Blancs » ?

Quand la fenêtre d’Overton devient une baie vitrée

Ruth Elkrief fait le parallèle avec Alain Finkielkraut qui, en 2005, avait expliqué que certains avaient « remarqué que l’équipe de France de 2005, elle est devenue black-black-black et elle n’est plus comme celle de 1998 black-blanc-beur », ajoutant que le philosophe s’était pris une volée de bois vert et un torrent d’insultes. Vingt ans après, c’est au sein d’une gauche assez radicale que l’on entend ce discours : la fenêtre d’Overton entrebâillée il y a deux décennies se mue en baie vitrée. Souvenez-vous, François Bégaudeau, c’est cet écrivain adoré de la gauche qui dénonçait courageusement, auprès du média Crépuscule, en mai dernier, la « petite panique pseudo-identitaire et raciste de petits Blancs paniqués », le même qui expliquait doctement que « les gens de droite ne parlent pas de la question de l’immigration. Ils parlent d’une seule chose qui est : dans quelle mesure est-ce que les Noirs et les Arabes vont me compliquer la vie à moi, petit Blanc de France. » Que lui est-il donc arrivé ? Que s’est-il passé ? Le grand Blanc donneur de leçons est-il devenu un petit Blanc paniqué ? Ruth Elkrief, en tout cas, se demande « s’il n’y aurait pas une forme de début de prise de conscience que l’identité d’un peuple, son histoire, sa culture sont importantes à préserver sans pour autant, [elle précise], vivre en autarcie ou rejeter l’autre avec un grand A ». La journaliste constate que le déni a fait du « malaise identitaire ou […] culturel » un monopole de l’extrême droite : « C’est des décennies après avoir abandonné ce terrain-là aux idées de Zemmour et d’autres qu’une certaine gauche se réveille », analyse-t-elle. David Pujadas salue, lui, « un aveu sincère mais évidemment dérangeant sur un registre où on n’attend pas un homme de gauche » !

À ce sujet — François Bégaudeau ou le mépris du « petit Blanc de France »

La porte très commode de la conformité

Si l’insécurité est un sentiment, alors quel mal y a-t-il à avouer son « ressenti » ? Mais non, ça ne va toujours pas ! Bégaudeau – et Ruth Elkrief lui reconnaît cette honnêteté – avoue avoir fait une « autoanalyse de [s]es affects ». Mais pour François Lenglet, présent aussi sur le plateau, c’est inacceptable. Monté sur ses petits poneys de bien-pensant, il explique que ces affects, ces sentiments sont « faits pour être analysés, censurés, reformatés, pour être anoblis, enfin : c’est le travail de l’intellectuel, pardon ! » Puisqu’il le dit… D’ailleurs, tout le plateau abonde dans son sens : pas d’amalgame avec les petits Blancs à la franchise « scotchant[e] » ! Et c’est avec un grand numéro de prestidigitateurs que l’aveu dérangeant de Bégaudeau devient tout à coup « choquant ». Cela le rend même « triste », ce pauvre François Lenglet, « d’entendre quelqu’un qui parle comme ça […] : confondre la couleur de peau et la sécession à la République, c’est dramatique ! » David Pujadas est obligé de lui faire remarquer que c’est lui qui interprète, mais qu’à cela ne tienne, maintenant que la porte des valeurs de la République est ouverte, tous s’y engouffrent avec délectation. Pujadas l’affirme : de toute façon, « d’une manière générale, évoquer la couleur de peau, c’est vrai que c’est tout de suite dérangeant ». Et Elkrief de lui emboîter le pas : « Oui, c’est vrai ! ça me dérange, d’ailleurs, je vous ai expliqué, je suis pas d’accord, hein ! » Courageux mais pas téméraire : on peut reconnaître un déni de réalité, quant au malaise identitaire, mais surtout pas l’approuver ! C’est vrai que c’est plus commode, même si la fenêtre d’Overton s’est muée en baie vitrée, de conserver ses petites habitudes et de prendre la porte de la conformité.

Entre Bégaudeau, qui reconnaît que, « du coup, les droitards vont être contents d’entendre un gauchiste comme moi dire « mais finalement, c’était pas nul, notre culture, y a pas à se flageller d’avoir été les puissances impériales particulièrement barbares et pilleuses pendant cinq siècles » », et Ruth Elkrief expliquer sur un plateau du groupe Bouygues que « cette fameuse insécurité culturelle » est un « point sensible de l’opinion française et occidentale en général », force est de constater que, sur certains sujets tabous, la fenêtre d’Overton est passé d’œilleton à baie vitrée.

Victoire Riquetti, dans BV

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