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#webtube : En quête de sécurité, les jeunes n’ont pas les mêmes réactions par rapport à la crise qu’ils traversent. Deux études sur les jeunes de France viennent de sortir, l’une sur leur sentiment d’abandon, notamment en milieu rural, l’autre sur l’évolution de la pratique religieuse chez les musulmans de France, qui propose un instructif focus sur les jeunes.
Des jeunes négligés (et surtout les ruraux)
Avec toutes les précautions qui s’imposent (du fait, par exemple, des recoupements partiels entre les populations interrogées), il est très intéressant, non pas de comparer, mais de confronter des données qui révèlent le fort contraste entre deux France. Les deux études concluent en commun à une forte attente (liée généralement à une insatisfaction ou un manque) des jeunes dans notre France actuelle, quelle que soit leur situation. Dans le premier sondage, réalisé par OpinionWay pour les Apprentis d’Auteuil, la réponse de la population rurale est particulièrement instructive, puisqu’elle amplifie le sentiment général de la classe d’âge interrogée (16 à 25 ans). Un sentiment qui n’est guère positif et confirme les constats qu’ont pu en faire, récemment, les sociologues les plus affûtés. « Deux jeunes sur trois se considèrent comme des citoyens sans voix, exclus des décisions publiques », mais ils s’estiment aussi (comme beaucoup de Français plus âgés, d’ailleurs) peu et mal représentés. Ils sont en effet 83 % à juger « les décideurs déconnectés de leurs réalités » et 79 % à se sentir « instrumentalisés par des élus qui défendent leurs propres idées ». Et plus on s’éloigne des centres urbains, plus le constat est sévère : 72 % des jeunes ruraux se sentent « comme des citoyens de seconde zone », contre 59 % des Franciliens. Ils expriment, par ailleurs, des difficultés concrètes : 34 % « se disent confrontés aux violences et aux discriminations, 30 % à la précarité et la pauvreté, et 28 % s’inquiètent de leur santé ».
Déception, mais pas insouciance
Mais cette vision assez négative ne doit rien à une quelconque insouciance. Ils sont huit sur dix à souhaiter « s’impliquer plus fortement sur les grands enjeux actuels qui concernent la jeunesse et son avenir ». Et si 30 % ne voteront pas aux prochaines élections, invoquant « un sentiment de non-représentation par les candidats », ils sont malgré tout 64 % à vouloir participer aux municipales en 2026 et 73 % à la présidentielle de 2027. Souvent déçus et mécontents, ils voudraient se faire entendre, mais ne se reconnaissent majoritairement pas dans les caricatures activistes de type « antifa » : 73 % rejettent la violence envers les autorités et 59 % s’opposent à la désobéissance civile.
Ils se sentent en fait plutôt perdus, 54 % se trouvent « mal informés et n’ont pas les codes pour y parvenir », et un tiers pensent « qu’être écoutés renforcerait leur confiance et leur volonté d’agir ». Et s’ils priorisent les réseaux sociaux (50 %) devant le vote (44 %) pour s’exprimer, ils en constatent aussi les faiblesses et sont 75 % à affirmer « que ce qui y est exprimé reste souvent ignoré par les responsables politiques ». Enfin, s’ils lui trouvent quelques défauts, l’école est aussi perçue par 74 % d’entre eux comme « un lieu d’apprentissage de la citoyenneté » et « 71 % se disent consultés au sein de leurs établissements scolaires, contre 50 % par les médias, 45 % par les élus et 39 % par les partis politiques ».
À ce sujet — [ÉDITO] Sondage IFOP : inaction et négation au service de l’islamisation sans fin
Les jeunes musulmans se radicalisent
Avec toutes les précautions qui sont de rigueur concernant les sondages sur les croyances et pratiques religieuses, la dernière étude de l’IFOP (qui ausculte les musulmans de France depuis 1989) pour le magazine Écran de veille n’en apporte pas moins un éclairage instructif sur la pratique de l’islam par les plus jeunes (moins de 25 ans) et son évolution. En moins de quatre décennies, le taux de fréquentation des mosquées a bondi de 7 % à 40 %, celui de l’observance du ramadan de 51 % à 83 %. Alors qu’il serait en chute chez les musulmanes de plus de 50 ans, le taux de port du voile chez les jeunes filles est passé de 16 % à 45 %. 38 % disent le porter pour montrer « leur appartenance à leur religion » , 44 % pour « ne pas attirer le regard des hommes », 42 % pour « se sentir en sécurité », 15 % pour « ne pas être perçue comme une femme impudique » et 2 % « sous la pression directe de proches ».
Par ailleurs, 87 % des jeunes musulmans se disent désormais « religieux » (attachés à une pratique stricte) et 12 % déclarent ne pas consommer d’alcool. 42 % disent éprouver de la sympathie pour l’islamisme et 32 % se disent proches du courant de pensée des Frères musulmans. Pour 57 % d’entre eux, la législation française est « moins importante » que la charia (ce qui confirme un précédent sondage ) et 82 % pensent que la religion surpasse la science sur la question de la création du monde.
Deux France, deux attitudes
On ne peut pas comparer les réponses des populations interrogées dans ces deux sondages, certains des ruraux pouvant être des musulmans et les questions ne portant pas sur les mêmes thèmes. On constate cependant que les ruraux, sans céder au désespoir, font spontanément référence aux institutions (même si c’est pour s’en sentir abandonnés), alors que les jeunes musulmans s’en remettent à la religion. Ou, plus précisément, à l’islam, la nuance ayant son importance. En effet, comparer une population musulmane (majoritairement immigrée ou issue de l’immigration) à une population « de souche », catholique ou de culture chrétienne, a ses limites. Si le christianisme est avant tout une question de foi, la pratique de l’islam est avant tout une question d’obéissance à la loi, ce que confirme d’ailleurs le sondage de l’IFOP.
Que penser du contraste saisissant entre les réponses des populations interrogées dans ces deux sondages ? Pour François Demaison, directeur de pôle social, interrogé par BV, « si les ruraux se constatent abandonnés, c’est que le pouvoir politique ne s’intéresse qu’aux populations qui engagent un rapport de force avec lui. Or, ici, nous avons affaire à une population qui ne génère aucun trouble et n’engage donc aucun rapport de force. » Il rappelle, par ailleurs, que « la plupart des jeunes vivent aujourd’hui dans une société où les cercles communautaires protecteurs ont souvent disparu, à commencer par le cercle familial ». Et face à l’insécurité de cette situation, chacun va vers ce qu’il connaît : « Les jeunes ruraux attendent que l’État et ses institutions jouent leur rôle protecteur multiséculaire. » Alors que « les jeunes musulmans reviennent à l’islam, qui est à la fois leur religion et leur loi ».
« Nous sommes arrivés au dernier stade de l’individualisme vers lequel nous poussaient les Lumières », estime notre interlocuteur, car « l’homme n’est plus aujourd’hui qu’un sujet de droit, réduit à sa seule dimension de consommateur ». Et dans une France où « le laïcisme républicain a affaibli le catholicisme et ainsi créé un vide spirituel », François Demaison juge durable le retour à la pratique observé chez les jeunes musulmans, « car l’islam est la seule entité permettant d’apporter à des populations déracinées par leur immigration une identité propre ».
Etienne Lombard, dans BV
