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#webtube : L’hécatombe paraît démesurée puisque, concrètement, la DNC ne touche que 5 % d’un troupeau. Semaine mouvementée, dans les Pyrénées-Orientales. Confrontés à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), les éleveurs subissent l’abattage des troupeaux. Et, comme début septembre, leurs confrères de Savoie, ils regimbent devant une politique sanitaire de plus en plus inhumaine, qui ne respecte ni leur travail ni les vaches.
Dégoût et colère à Nyer
La DNC a été détectée dans le département mi-octobre. Trois foyers. La procédure est claire : s’ensuit, en langage administratif, le « dépeuplement total des bovins des foyers » — plus crûment : l’abattage total du troupeau. Dans la nuit du 11 au 12 novembre, les habitants se sont mobilisés à Nyer pour bloquer les accès aux services vétérinaires. Un « comité citoyen » s’est mobilisé, en précisant bien qu’il « inscrit ses actions à visage découvert dans une dynamique de désobéissance civile non violente ». L’action doit continuer.
Les éleveurs des Pyrénées orientales m appellent pour me mettre au courant d un dérapage d un massacre qui a eu lieu aujourd'hui
— Cédric (@agric15) November 12, 2025
La ligne rouge a été franchie des vaches ont été abattue au fusil cest un massacre pic.twitter.com/0Sh3m3fW87
À ce sujet — [REPORTAGE] Auprès des paysans indignés par l’abattage de leurs vaches saines
Mais il se dit que huit des dix-huit vaches devant être euthanasiées à Nyer (pour deux bêtes malades) se seraient enfuies et auraient été abattues à coups de fusil par des lieutenants de louvèterie — loin du protocole légal qui prévoit une sédation. Nous avons demandé à Éloi Nespoulous, président de la Coordination rurale Occitanie, s’il connaissait l’incident. « Après quelques incertitudes, je peux vous dire que cette information est réelle, répond-il à BV. On me l’a confirmée. » Une dérive choquante, dans une gestion sanitaire déjà contestée.

Vaches tuées au fusil à Nyer. (Photo fournie par la CR 66.)
Le ministre de l’Agriculture est satisfait
Les éleveurs ne protestent pas contre l’abattage des vaches malades mais contre le fait qu’on tue, en abondance, les vaches saines — au nom du principe de précaution. Pour vingt vaches malades dans les Pyrénées-Orientales, ce sont 400 bêtes qui ont été abattues dans le département. L’hécatombe paraît démesurée puisque, concrètement, la DNC ne touche que 5 % d’un troupeau, nous explique Éloi Nespoulous. Et ce système ne fonctionne pas. La preuve : on vient d’apprendre l’existence d’un nouveau foyer de DNC à Écleux, dans le Jura — alors que les foyers précédents ont été traités suivant la méthode requise.
Cela n’empêche pas le ministre de l’Agriculture, Anne Genevard (contactée par BV, mais sans réponse de son cabinet), de maintenir le cap. « Je représentais la Coordination rurale à la table ronde du 12 novembre à Toulouse, nous raconte Éloi Nespoulous. La ministre de l’Agriculture fanfaronne : il n’y aurait que sa méthode qui marche. Nous, ça ne nous va pas du tout. » La position de la Coordination rurale est claire : ne tuer que les vaches malades et vacciner les mères. On éviterait cette gigantesque boucherie, qui plus est si, comme à Nyer, elle implique de tirer les vaches comme au champ de tir.
Un patrimoine génétique mis à bas
Cette crise sanitaire se produit alors que le traité du Mercosur avance irrémédiablement. Éloi Nespoulous a abordé le sujet avec Anne Genevard. « Je le lui ai dit : les agriculteurs voient qu’on ouvre les frontières d’un côté avec le Mercosur et que, de l’autre, on leur tue leurs vaches. » Ils y voient un rapport de cause à effet. « Vous pouvez dire : cela fait complotiste, mais vous n’empêcherez pas les gens d’en bas de se poser la question », continue Éloi Nespoulous. Dans les conditions déjà difficiles où les placera le Mercosur et sa viande sud-américaine, les éleveurs français ne seront pas en mesure de faire face à la concurrence avec des troupeaux décimés.
Au-delà de la question immédiate du travail des éleveurs et de leur droit à gagner leur vie, déterminante en soi, le président de la CR Occitanie aborde un autre aspect de la question. « Les gens du ministère de l’Agriculture voient l’abattage de leur point de vue de petits hommes gris. Mais nous, en défendant nos vaches, nous défendons aussi un patrimoine génétique et un patrimoine familial. » En effet, nous rappelle-t-il, « nos parents, nos grands-parents ont obtenu des races très belles — les éleveurs français font partie des meilleurs au monde, avec une diversité de races unique — et nous, nous continuons ce travail. La gestion de la crise de la DNC, telle qu’elle est menée, interrompt ce long travail de terroir de plusieurs générations. » D’où une colère grandissante des éleveurs qui assistent, impuissants, à la mise en danger de toute une filière d’excellence.
Samuel Martin, dans BV
