. La crèche qui a sauvé une église aveyronnaise

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#webtube : Chaque année, la crèche revient au centre de cette maquette de village aveyronnais. À Villefranche-de-Rouergue, sous-préfecture de l’Aveyron, une petite église, bénie en 1708, a trouvé le moyen de sauver ses murs et son patrimoine avec la construction d’un village aveyronnais miniature qui, chaque année à Noël, se transforme pour accueillir une crèche.

Quand une crèche sauve une église…

C’est un projet qui est né en 2019, pour sauver l’église Saint-Joseph et « redonner vie à ce quartier de la bastide », indique la plaquette indicative, à l’entrée de l’église. À l’origine, raconte encore le prospectus, c’était une crèche en plâtre qui voyageait dans l’Aveyron depuis 1993. « […] À l’initiative de la Mission départementale de la culture, dépendant du conseil général, la crèche départementale voit le jour grâce à l’acquisition de ses premiers santons auprès de M. Wurfel » (créateur du musée des automates et des santons à Sauclières, dans le Sud-Aveyron), mais les décors, qui occupaient déjà 50 m2, étaient bien lourds, fragiles et mal commodes. Aussi, un décorateur de théâtre, M. Bese, en réalisa de nouveaux en polystyrène.

Le village, à force de s’agrandir chaque année, occupe jusqu’à 200 m2. Et, de crèche itinérante, le décor, ses santons et ses automates furent, grâce à l’instigation de l’adjointe à la culture du maire de Villefranche, installés à demeure dans l’église Saint-Joseph, dont il fallait à la fois sauver les murs et le quartier. La crèche devient village, pour être présentée tout au long de l’année et grâce à l’association Cap-Solidarité, à la paroisse Sainte-Émilie du Villefranchois et à la municipalité aidées de nombreux bénévoles, le village aveyronnais fut inauguré le 8 décembre 2019. L’église, toujours consacrée et accueillant deux messes (le 8 décembre pour l’Immaculée Conception et le 19 mars pour la Saint-Joseph), a ainsi été sauvée et une convention tripartite entre la mairie, la paroisse et l’association assure l’avenir du projet : « La paroisse assure la partie spirituelle. La commune veille à l’entretien et la sécurité du bâtiment et à sa rénovation progressive. Les bénévoles de l’association s’occupent de l’entretien de l’église et des santons, ainsi que des visites », précise la plaquette. Un travail en bonne intelligence qui a même permis à l’association Cap-solidarité d’être récompensée, en 2023, par la Fondation du patrimoine.

…et un morceau de l’histoire locale

Il faut bien reconnaître que l’immense maquette attire les regards : de nombreuses petites saynètes racontent la vie quotidienne dans un village aveyronnais typique. On peut y voir le facteur chutant de son vélo devant une oie et des villageois qui se moquent de lui, le cuisinier tournant l’aligot, le curé appelant ses paroissiens sur le parvis de son église devant laquelle des hommes préfèrent jouer aux quilles de huit, emblématiques de l’Aveyron. Évidemment, un berger garde ses brebis sur le relief typique du Larzac, on voit aussi les vignes de Marcillac et le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Il y a aussi un pigeonnier typique du Quercy et, sous des toitures en lauze, la mairie, le lavoir, le moulin, l’école, la boulangerie et les PTT. Un village grouillant de vie autour de son église et de son monument aux morts, qui raconte l’histoire de l’Aveyron sur un fond musical de chants traditionnels locaux. Au centre du village, on voit aussi des religieuses portant l’habit de la congrégation de la Sainte Famille, un ordre fondé par sainte Émilie de Rodat, paroissienne de cette église et unique sainte aveyronnaise du XXe siècle, œuvrant à l’instruction des filles pauvres et au secours des malades. Les obsèques de la religieuse – canonisée en 1950 – furent célébrées dans cette église Saint-Joseph qui, grâce à sa crèche, a donc été sauvée de la désacralisation.

Auprès du Figaro, une Villefranchoise de 76 ans se réjouissait de la renaissance de cette église qui avait vu son baptême et sa première communion : « Cette formidable initiative m’a permis d’évoquer, avec mon petit-fils parisien, la vie d’autrefois et toutes ces choses qui ont disparu, confie-t-elle. Espérons que ça donnera des idées à d’autres petites églises ! Face à ce mouvement woke, qui veut déconstruire notre Histoire, déboulonner nos statues, qui nous culpabilise d’être ce que nous sommes depuis des siècles, il faut résister ! Sensibiliser les jeunes à l’amour de notre patrimoine, c’est prendre soin de notre identité culturelle. » À Villefranche-de-Rouergue, la crèche, grâce à l’entraide de la mairie, de la paroisse et d’habitants, a sauvé une église, un quartier, un morceau de patrimoine et un peu de culture locale : encore un clou dans le cercueil de ceux qui voudraient en faire le symbole de l’exclusion.

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