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#webtube : Le débat du 8 décembre entre Piers Morgan, figure médiatique anglaise bien établie, et Nick Fuentes, jeune porte-voix de segments radicaux de la jeunesse conservatrice américaine, mérite davantage qu’un commentaire de circonstance. Il constitue, à bien des égards, un révélateur de la transition intellectuelle en cours au sein de l’Occident. Le choc observé entre ces deux générations ne relève pas simplement d’un affrontement rhétorique, mais d’un déplacement profond du cadre normatif qui régissait depuis soixante ans la vie publique des démocraties occidentales.
L’usure du cadre moral libéral d’après-guerre
Piers Morgan parlait depuis l’horizon d’une idéologie qui considérait l’universalisme libéral, l’antiracisme dogmatique et la culpabilité historique comme des invariants moraux, presque anthropologiques. Ce cadre, issu du double traumatisme de 1933 et de 1945, a façonné l’ensemble du discours public européen et nord-américain. Il a servi de socle à ce que Pierre-André Taguieff qualifia jadis de nouvelle vulgate antiraciste, c’est-à-dire un ensemble de prescriptions morales non discutables, fondées sur une conception déshistoricisée du « bien », et dont l’autorité reposait sur la crainte sociale de l’excommunication symbolique.
Morgan mobilisa cette vulgate avec assurance. Il évoqua le racisme, la misogynie, la question juive, les crimes du national-socialisme, persuadé que la seule invocation de ces catégories suffirait à disqualifier son interlocuteur. Cette technique rhétorique, qui servit longtemps de rempart idéologique à l’ordre libéral, apparaît désormais en perte d’efficacité. Le fait même que Fuentes puisse répondre sans se retirer, sans s’excuser, sans chercher la réhabilitation, indique que la sanction morale ne produit plus l’effet disciplinaire qui faisait jadis sa force.
Le refus de la honte comme instrument politique
Ce phénomène n’a rien de spontané. Il correspond à ce que plusieurs travaux en sciences sociales, notamment ceux de James Davison Hunter ou d’Eric Kaufmann, identifient comme un affaiblissement du capital moral des élites progressistes. Le régime émotionnel qui structurait la politique occidentale, fondé sur l’indignation et la honte comme mécanismes de contrôle social, se heurte désormais aux limites de sa propre inflation. À force d’avoir utilisé les mêmes catégories pour stigmatiser l’ensemble du spectre politique non conforme, le système les a vidées de leur charge performative.
La réaction de Fuentes s’inscrit dans cette dynamique. Ses réponses, parfois simplistes, parfois déstabilisantes, n’en témoignent pas moins d’un changement anthropologique. Il refuse la prémisse morale ; il refuse la honte comme instrument de gouvernement ; il refuse la légitimité d’un cadre normatif qu’il considère comme étranger à la réalité vécue par les jeunes Américains. Lorsque Morgan évoque l’Holocauste dans une séquence qu’il croyait décisive, Fuentes ne conteste pas les faits historiques, mais refuse leur instrumentalisation contemporaine. Ce glissement est lourd de signification. Il annonce la fin du monopole narratif unifié de la période d’après-guerre.
Généalogie intellectuelle et retour transatlantique
Il faut replacer ce mouvement dans une généalogie intellectuelle plus vaste. Ce qui surgit aujourd’hui sur le continent américain n’est pas une rupture complète, mais le retour, sous une forme simplifiée mais amplifiée, des concepts imaginés depuis longtemps par la Nouvelle Droite européenne. Dès les années 1970, Nouvelle École et, plus tard, Éléments avaient posé les bases d’une critique radicale de l’universalisme moral et de la mystique égalitaire. Alain de Benoist avait démontré que les catégories morales issues de l’après-guerre n’étaient pas universelles mais historiquement situées. Guillaume Faye, surtout, avait anticipé la fin d’un cycle idéologique fondé sur le déni du tragique et l’oubli de la conflictualité inhérente au politique.
Ces analyses restèrent longtemps marginales en Europe, mais trouvèrent, par un détour paradoxal, une nouvelle fécondité intellectuelle aux États-Unis. Les traductions, les réappropriations partielles, les synthèses plus abruptes opérées par certains courants américains ont généré un effet de retour. Ce phénomène est bien connu des historiens des idées. Il n’est pas rare que les concepts élaborés en Europe ne trouvent leur plein développement que dans les sociétés américaines, avant de revenir vers leur point d’origine comme des ondes de choc amplifiées.
Le débat entre Morgan et Fuentes illustre précisément ce retour. Ce que Morgan croyait être une ligne de front infranchissable ne l’est plus. Ce que Fuentes exprime maladroitement mais avec aplomb témoigne de l’érosion du magistère moral occidental. Et ce que l’Amérique commence à traverser, sous une forme turbulente, s’imposera tôt ou tard en Europe. L’histoire intellectuelle du continent nous l’a appris cent fois. Les tempêtes qui naissent au large du monde anglo-saxon parcourent toujours l’Atlantique avant de frapper les côtes européennes.
Nous entrons ainsi dans une phase où les catégories politiques de l’ancien régime mental s’effacent. Les tabous vacillent, les schémas explicatifs se délitent, les peuples redécouvrent la légitimité du réel contre l’incantation morale. La question n’est plus de savoir si cette houle atteindra l’Europe, mais comment elle la prendra, avec quelle intensité, et si nos systèmes politiques disposent encore de la stabilité nécessaire pour absorber un tel renversement.
L’entretien Morgan–Fuentes ne fut pas seulement un incident médiatique. Il fut le signe précurseur, presque académique dans son exemplarité, de la fin d’un cycle intellectuel. Le prochain commence déjà.
#webtube : Depuis l’attentat de Bondi Beach, en Australie, une constante lexicale s’impose dans la presse dite occidentale. Qu’il s’agisse de l’enquête du Telegraph signée par Memphis Barker et Andrea Hamblin, How anti-Semitism came to haunt Albanese and Australia, ou des articles et chroniques publiés en France, notamment sous la plume de Renaud Girard dans Le Figaro avec Le retour de l’antisémitisme le plus bestial jusqu’en Australie, un même mot revient, obsédant, exclusif, saturant l’analyse : antisémitisme. Le terme est exact, juridiquement opérant, moralement mobilisateur. Il permet de qualifier l’acte, de susciter l’émotion, de légitimer une réponse sécuritaire. Pourtant, à mesure qu’il s’impose, il agit aussi comme un écran.
Un glissement lexical
Le terme « antisémitisme » désigne la haine tout en neutralisant la question de son origine, de sa structure et de sa matrice idéologique. Le phénomène est d’autant plus frappant que, dans ces mêmes articles, un détail est abondamment souligné : l’homme qui s’est interposé au péril de sa vie pour désarmer l’un des terroristes était musulman. Cette précision est jugée nécessaire, presque pédagogique, afin d’éviter tout amalgame.
Dans le même mouvement, la dimension religieuse des auteurs de l’attentat, pourtant décrits comme inspirés par l’État islamique, est reléguée à l’arrière-plan, dissoute dans un vocabulaire abstrait. La religion est nommée lorsqu’elle rassure, elle disparaît lorsqu’elle oblige à penser.
Ce glissement lexical n’est pas un simple biais médiatique. Il est le produit d’une configuration idéologique plus large, propre à ce que l’on appelle communément l’Occident. Or c’est ici qu’une distinction essentielle s’impose, trop souvent effacée dans le débat public, mais centrale dans la tradition intellectuelle de la Nouvelle Droite, notamment chez Alain de Benoist : celle entre l’Occident et l’Europe.
Occident et Europe, une nuance importante
L’Occident n’est pas une civilisation au sens charnel du terme. Il est le résultat historique d’une projection mondiale de l’homme européen, issue de la modernité, de la colonisation, du libéralisme économique et de l’universalisme abstrait. Il porte avec lui des handicaps structurels, culpabilité historique intériorisée, haine de soi devenue réflexe moral, refus croissant de toute affirmation identitaire. L’Occident est un espace idéologique avant d’être un monde vécu, un ensemble de valeurs proclamées plutôt qu’un héritage incarné.
L’Europe, à l’inverse, est une réalité charnelle, historique, tragique. Elle est faite de peuples, de mémoires, de paysages, de conflits anciens et de réconciliations lentes. Elle n’est pas réductible à un système de normes ou à un discours moral universel. Elle colle à la peau. Cette distinction, au cœur de la pensée d’Alain de Benoist et longuement développée dans les pages de Nouvelle École puis d’Éléments, constitue l’un des axes doctrinaux les plus solides pour comprendre l’impuissance actuelle du discours dominant.
C’est précisément cette confusion entre Occident et Europe qui interdit aujourd’hui toute analyse lucide de la haine anti-juive contemporaine. En parlant au nom de l’Occident, la presse adopte spontanément un langage moral, abstrait, déshistoricisé. Elle amalgame des phénomènes distincts, confond l’antisémitisme européen traditionnel, d’origine chrétienne et aujourd’hui largement marginalisé, avec une haine anti-juive contemporaine portée par des secteurs radicalisés de l’islam, structurée théologiquement, diffusée transnationalement et de plus en plus souvent traduite en actes meurtriers.
Adrien Bez rappelle dans Le Figaro que les services de renseignement australiens qualifiaient déjà l’antisémitisme de menace prioritaire bien avant l’attentat. Renaud Girard souligne explicitement la stratégie de Daech visant à dresser les communautés musulmanes contre les Juifs au sein des sociétés occidentales ouvertes. Ces éléments sont présents, établis, documentés. Pourtant, ils ne produisent pas leurs conséquences intellectuelles. Ils sont rapportés, mais neutralisés par le cadre interprétatif occidental.
Islam et islamisme : le refus de nommer le réel ?
Pour maintenir ce cadre, une autre distinction est systématiquement mobilisée : celle entre l’islam et l’islamisme. L’islamisme est présenté comme une idéologie politique autonome, détachée de la religion musulmane vécue par les croyants ordinaires. Cette séparation, devenue un automatisme discursif, relève moins d’une analyse rigoureuse que d’une nécessité morale propre à l’Occident culpabilisé. Elle permet d’éviter toute interrogation théologique, toute mise en cause des textes, des récits fondateurs, des représentations du monde.
Or, comme l’ont montré de nombreux travaux, de Gilles Kepel à Bernard Rougier, l’islamisme n’est pas une excroissance sans racine. Il est une interprétation interne de l’islam, minoritaire certes, mais pleinement enracinée dans une tradition religieuse, juridique et eschatologique. La différence tient moins à la nature de la foi qu’à son degré de radicalisation et à sa politisation.
Il faut ici rappeler une évidence que le langage abstrait tend à dissoudre. Sous les balles de Bondi Beach, comme ailleurs, ce ne sont pas des concepts intellectuels qui tombent, mais des hommes, des femmes, des enfants bien réels. Des visages, des corps, des existences inscrites dans une histoire, une culture, une continuité humaine immédiatement reconnaissable. Ce sont des familles, des rites, une mémoire européenne transplantée, qui sont visés et frappés. À l’inverse, les visages des bourreaux, leur imaginaire, leur rapport au monde, leur conception du sacré et de l’ennemi nous dissemblent profondément. Feindre de ne pas voir cette dissymétrie anthropologique au nom d’un universalisme abstrait revient à trahir les victimes une seconde fois, en leur refusant le droit élémentaire à la vérité sur ce qui les a tuées.
En refusant de nommer cette continuité idéologique et religieuse, l’Occident se condamne à l’impuissance. Carl Schmitt rappelait que le politique commence avec la capacité à désigner l’ennemi, non pour l’exalter, mais pour le comprendre. En dissolvant l’ennemi dans une catégorie morale générale, l’Occident renonce à cette lucidité minimale. Il se réfugie dans ce que Guillaume Faye aurait appelé une pensée de l’évitement, où le langage sert à anesthésier le réel plutôt qu’à l’éclairer.
L’Europe, elle, n’a pas ce luxe. Lorsqu’elle a su penser en termes de peuples, de cultures et de civilisations, elle a su affronter les conflits qui la traversaient. Lorsqu’elle adopte le langage occidental de la culpabilité infinie et de l’abstraction morale, elle se désarme elle-même.
À force de parler d’antisémitisme sans sujet, sans origine et sans structure, l’Occident croit conjurer la violence par le verbe. Il oublie que les mots sont aussi des armes, et que refuser de nommer, c’est déjà capituler. L’Europe ne survivra pas à cette capitulation sémantique si elle persiste à se confondre avec l’Occident qui la nie.
#webtube : La Bretagne connaît depuis plusieurs mois une recrudescence marquée des cambriolages, à rebours de la tendance nationale. Du Finistère aux Côtes-d’Armor, en passant par le Morbihan ou la Loire-Atlantique mais aussi l’Ille et Vilaine, les chiffres s’accumulent, les témoignages se multiplient et un sentiment d’insécurité durable s’installe dans des territoires jusqu’ici relativement préservés.
Une hausse nette, contrairement au reste du pays
Alors que les statistiques nationales font état d’un recul des cambriolages en France sur l’année 2025 (–5,7 %), la Bretagne suit une trajectoire inverse. Les données issues des préfectures montrent une augmentation de plus de 13 % dans le Finistère, plus de 6 % dans le Morbihan, et jusqu’à plus de 30 % dans les Côtes-d’Armor, tous cambriolages confondus.
En Cornouaille, la situation est particulièrement tendue. Depuis l’automne, certaines communes du Pays bigouden, de la périphérie de Quimper ou encore de Douarnenez ont connu des séries de vols pouvant aller jusqu’à sept cambriolages en une seule journée. Les faits se produisent aussi bien en journée que la nuit, parfois pendant les horaires de marché, exploitant l’absence des habitants.
Des victimes durablement marquées
Derrière les chiffres, il y a des vies bouleversées. Les cambriolages ne se limitent pas à une perte matérielle. Les victimes évoquent un traumatisme profond, un sentiment de violation de l’intimité, parfois renforcé par des confrontations directes avec les malfaiteurs.
À Ploemeur, un habitant a été agressé après être tombé nez à nez avec des cambrioleurs dans sa propre maison. A Callac (22) ce dimanche, en pleine journée, des individus ont cambriolé une maison du centre-ville. Ailleurs, des véhicules volés sont retrouvés incendiés, des logements fouillés de fond en comble, et des habitants contraints de modifier leurs habitudes, de mal dormir, ou d’investir dans des systèmes de surveillance coûteux.
Les forces de l’ordre ne restent pas inactives mais ont un coup de retard. Patrouilles renforcées, dispositifs de surveillance, enquêtes de police technique et scientifique : le travail est réel, parfois efficace, comme à Tréguier où un individu a reconnu 24 faits délictueux à lui seul.
Mais les enquêteurs le reconnaissent eux-mêmes : les moyens sont limités, les scènes souvent inexploitées faute de traces, et les délais judiciaires longs. Dans de nombreux cas, les auteurs restent non identifiés ou remis en liberté dans l’attente de leur jugement, alimentant le sentiment d’impunité.
Des citoyens appelés à la vigilance… mais privés de toute défense réelle
Face à cette situation, les autorités – incapables de protéger leurs administrés- ne cessent de rappeller inlassablement une règle intangible : les citoyens n’ont pas le droit de se faire justice eux-mêmes. Toute confrontation physique est proscrite, même en cas d’intrusion manifeste. La légitime défense est strictement encadrée, et toute riposte jugée disproportionnée expose la victime à des poursuites pénales.
Ce cadre légal est de plus en plus vécu comme profondément injuste par ceux qui subissent les cambriolages d’autant plus qu’à la base, si les citoyens avaient accepté de rendre leurs armes à l’Etat, c’était pour que ce dernier assure leur sécurité ce qui n’est plus le cas. Les habitants sont sommés de ne pas intervenir, de laisser faire, puis d’attendre une enquête parfois longue, sans garantie de résultat.
Dans plusieurs communes, cette frustration est palpable. Certains redoutent que, à force de sentiment d’abandon, des réactions incontrôlées finissent par émerger, non par goût de la violence, mais par désespoir.
Vidéoprotection et entraide : des palliatifs coûteux
Faute de pouvoir compter sur une protection immédiate, communes et particuliers investissent massivement. Vidéoprotection municipale, alarmes privées, réseaux de voisins vigilants ou dispositifs de « participation citoyenne » se multiplient. Des administrés paient des fortunes pour s’équiper chez eux.
À Baud, dans le Morbihan, la municipalité a déboursé 200 000 euros pour installer un réseau de caméras couvrant l’ensemble de la commune. Ailleurs, des habitants surveillent leurs quartiers, signalent des comportements suspects et tentent de dissuader les repérages. Ces initiatives montrent une volonté de résilience collective, mais elles soulignent aussi un transfert progressif de la charge sécuritaire vers les citoyens eux-mêmes.
La multiplication des cambriolages en Bretagne pose une question essentielle : jusqu’où peut-on demander aux citoyens de subir sans réagir ? Entre l’interdiction absolue de toute défense active et la lenteur des réponses judiciaires, le fossé se creuse entre la loi et le vécu quotidien des victimes. Aux USA, les propriétaires sont, dans de nombreux Etats, autorisés à tirer à vue sur les cambrioleurs, ce qui dissuade largement. Et manifestement, les chiffres prouvent que les cambrioleurs sont très « sensibles » au risque pris de tomber nez à nez avec une arme à feu.
Le malaise est réel. Tant que la réponse pénale restera perçue comme tardive ou insuffisante, le sentiment d’injustice continuera de nourrir la défiance et la colère silencieuse d’une population qui ne demande qu’une chose : pouvoir vivre et dormir chez elle sans peur.
#webtube : Une nouvelle ligne rouge vient d’être franchie. Après le piratage massif de la base de données des chasseurs et tireurs sportifs, après celle de plusieurs fédérations sportives, c’est désormais le ministère de l’Intérieur lui-même qui reconnaît avoir été victime d’une cyberattaque majeure, ayant permis l’accès à des fichiers sensibles, dont le Traitement des antécédents judiciaires (TAJ). Autrement dit : des données concernant des millions de Français, victimes, témoins ou mis en cause, se retrouvent potentiellement exposées.
Face à cette situation, une question s’impose : qui protège encore les citoyens, lorsque même l’État est incapable de sécuriser ses propres systèmes ?
Une intrusion grave au cœur de l’appareil régalien
Les faits sont désormais établis. Entre le 11 et le 16 décembre, les services de Beauvau ont détecté puis confirmé une intrusion informatique visant d’abord les messageries professionnelles de ses agents, avant de reconnaître un accès à des applicatifs métiers, c’est-à-dire des outils internes utilisés quotidiennement par la police, la gendarmerie et les services administratifs.
Le ministre de l’Intérieur a parlé d’un acte « très grave ». Le terme est faible. Il s’agit d’une défaillance majeure de l’État, touchant le cœur de ses missions régaliennes : sécurité intérieure, enquêtes judiciaires, fichiers de recherche, données personnelles ultra-sensibles.
Selon les informations disponibles, les pirates auraient pu consulter — et peut-être extraire — des éléments issus du TAJ, base centrale regroupant des données judiciaires, mais aussi potentiellement du Fichier des personnes recherchées (FPR) ou d’autres systèmes critiques. À ce stade, les autorités reconnaissent un accès, mais restent silencieuses sur l’ampleur réelle des fuites.
Cette seule maigre "preuve" que donnait les cybercriminels qui revendiquent la cyberattaque sur le ministère de l'intérieur… ⤵️
Tout laisse à penser -et donc confirmer les nouvelles déclarations de Laurent Nuñez ce matin- qu'ils ont eu accès aux mots de passe, hélas en clair,… https://t.co/J4li3qC6Jgpic.twitter.com/n8LkeBH3vP
Une communication minimale, des zones d’ombre inquiétantes
Depuis le début de l’affaire, la communication officielle se caractérise par une extrême prudence, voire une opacité assumée. On parle d’« analyses en cours », d’« investigations techniques », de « pas de compromission grave identifiée à ce stade ». Pourtant, l’accès à des applicatifs métiers suffit, en soi, à qualifier l’événement de critique.
Cette retenue nourrit l’inquiétude. Car si des hackers ont réellement circulé dans les systèmes internes du ministère, la question n’est plus seulement celle du piratage ponctuel, mais celle d’une intrusion prolongée, préparée, ciblée, exploitant des failles connues mais manifestement mal corrigées.
La revendication apparue sur des forums cybercriminels, évoquant un accès massif à des données concernant des millions d’individus, n’a pour l’instant été ni confirmée ni infirmée. Mais le simple fait qu’elle soit crédible révèle l’ampleur de la crise.
Des négligences humaines… et une responsabilité politique
Le ministère invoque des « imprudences individuelles » : agents ayant cliqué sur des liens, utilisé des mots de passe faibles, contourné les consignes. Cet argument ne tient pas. Dans une administration de près de 300 000 agents, la cybersécurité ne peut pas reposer sur la seule vigilance individuelle.
La réalité est plus dérangeante : des systèmes mal protégés, des procédures insuffisantes, une culture de la cybersécurité manifestement défaillante au plus haut niveau de l’État. À quoi servent les directions informatiques, les audits, les budgets consacrés à la sécurité numérique, si des bases aussi sensibles sont accessibles par des vecteurs aussi banals ?
Ce naufrage pose une question politique directe : pourquoi le ministre de l’Intérieur est-il toujours en poste ? Dans n’importe quel État assumant la responsabilité de ses actes, une telle défaillance entraînerait au minimum une démission, ou à défaut une remise à plat complète de la chaîne de commandement.
Au-delà des considérations techniques, les conséquences potentielles sont lourdes. Le TAJ contient les coordonnées de victimes, de témoins, de personnes mises en cause. Le FPR centralise des informations sur des personnes recherchées, des interdictions de territoire, des disparitions. Ces données, entre de mauvaises mains, peuvent servir à l’intimidation, au chantage, à la criminalité organisée, voire au terrorisme.
L’argument souvent avancé — « aucune preuve de fuite massive » — ne rassure personne. Le doute suffit à constituer un danger. Et ce doute est désormais installé.
Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série inquiétante. Les piratages se multiplient, touchant tour à tour fédérations sportives, hôpitaux, collectivités, administrations fiscales ou sociales. À chaque fois, les mêmes éléments : déni initial, communication minimale, promesse de renforcement… suivie d’un nouveau scandale.
La vérité est simple : l’État français n’est plus en mesure d’assurer la sécurité numérique de ses citoyens, alors même qu’il accumule les fichiers, centralise les données et impose aux particuliers toujours plus d’obligations administratives.
Dans ces conditions, la question n’est plus seulement celle d’une cyberattaque. Elle est celle d’une faillite de l’autorité publique, d’un État incapable de protéger ce qu’il exige de contrôler.
#webtube : Alors que le monde agricole s’enflamme, des jeunes de milieux urbains témoignent leur soutien aux éleveurs. Ils étaient une bonne dizaine de jeunes Versaillais, ce dimanche 14 décembre au soir, à se réunir place du Marché, armés d’écharpes chaudes et de slogans, pour témoigner leur soutien aux agriculteurs. S’ils ne sont pas issus du milieu agricole, ils se sentent entièrement concernés par la crise que traversent de nombreux éleveurs en France, récemment ravivée par les abattages liés à la maladie de la dermatose nodulaire.
« Que les agriculteurs entendent qu’ils ne sont pas seuls »
« C’est la base de notre vie, l’agriculture ! » Lucille, qui a lancé la mobilisation spontanée observée par les passants au cœur de la cité royale, se dit particulièrement sensible aux difficultés du monde rural, tout comme Auguste qui, sans en faire partie, a décidé de « faire entendre [s]a voix » pour soutenir les agriculteurs.
Stationnée sur la place du Marché, la camionnette des manifestants arborait plusieurs slogans, parmi lesquels « Pas de pays sans paysans » ou encore « >La mort est dans les prés, by Macron ». Un message destiné à rappeler qu’en France, un agriculteur se suicide tous les deux jours, et que la proportion de pensées suicidaires est sept fois plus élevée chez les agriculteurs (28 %) que dans le reste de la population (4,2 %). « Les agriculteurs vont mal, et je regrette qu’en ville on dise qu’on ne peut rien faire. On peut toujours faire quelque chose », poursuit Lucille. À travers cette action modeste, menée avec quelques amis, elle souhaite avant tout adresser un message de soutien : « Que les agriculteurs entendent qu’ils ne sont pas seuls, et que, s’ils veulent se mobiliser à Paris, nous, Versaillais et Parisiens, on est là. »
Entre ville et campagne, un fossé à combler
Citadine depuis toujours, la jeune femme explique avoir découvert le monde agricole à la sortie du lycée en suivant un BTS agricole. Une expérience qui, selon elle, lui a permis d’ouvrir les yeux sur des réalités qu’elle ignorait jusque-là. « On ne se rend pas compte du travail et des sacrifices qu’il y a derrière l’activité de ceux qui nous nourrissent, ni de l’amour qu’ils portent à leurs animaux », confie-t-elle, regrettant que sa génération, en ville, « soit aussi étrangère à ce monde-là ». Elle estime, par ailleurs, que ces enjeux devraient être davantage abordés par l’Éducation nationale afin que les enfants connaissent mieux la façon dont ils sont nourris.
Pour Auguste et Ambroise, même constat. Malgré leur jeune âge (entre 18 et 20 ans), ils refusent de se montrer insensibles à une cause qu’ils jugent « essentielle à défendre », même lorsqu’on est Versaillais. Ils ne veulent d’ailleurs pas « subir plus tard ces lois et ces décisions » contre lesquelles se battent aujourd’hui les agriculteurs.
« Montrer l’exemple »
À leur niveau, ils essaient de « montrer l’exemple » dans l’espoir d’encourager d’autres jeunes, issus comme eux des milieux urbains, à se mobiliser afin que, s’ils les voient et les entendent, les agriculteurs se sentent soutenus et moins isolés dans la crise qu’ils traversent.
Un « combat », disent ces étudiants, qui tranche avec celui des porte-drapeau queer et palestiniens qu’on voit flotter dans les grandes villes au rythme des manifestations. Ceux-ci, loin des réalités qui les concernent pourtant plus directement qu’un conflit au Moyen-Orient, sont aux abonnés absents pour battre le pavé, ces derniers jours, tout comme « les écolos et les vegans », qu’on « n’entend plus », regrette Lucille.
Motivés par cette première action, les jeunes entendent poursuivre la mobilisation cette semaine, encouragés par l’afflux de messages reçus par Lucille, qui reste convaincue que « même si on est des citadins, il faut pouvoir dire qu’on est prêts à se battre pour de bonnes causes ».
#webtube : Pour une fois que l’argent public était employé à bon escient… 60 millions de consommateurs est un magazine présent en kiosque depuis 1970. 55 ans, ce n’est pas un grand âge, et pourtant, sa fin de vie est proche. Le mensuel, qui a pour mission d’alerter et de protéger les consommateurs, est sacrifié sur l’autel du projet de loi de finances pour 2026.
L’article 71 du fameux PLF prévoit la « dissolution de l’Institut national de la consommation (INC) », établissement public qui édite le magazine susnommé. L’Assemblée nationale explique cette décision ainsi : « La situation financière de l’établissement est de plus en plus dégradée, avec un déficit d’exploitation croissant, et les perspectives économiques crédibles d’amélioration sont faibles. Une solution dite de rebond présenterait un coût très élevé, sans garantie de retour à l’équilibre financier de l’établissement. Dans ce contexte, il est proposé de retenir la solution de la cession de l’activité de presse et la dissolution de l’établissement. » La dissolution et la mise en liquidation sont prévues pour le 31 mars 2026.
Une économie malvenue
L’État, trop dépensier, coupe dans le gras. Vu l’état des finances publiques, ce genre d’économies est évidemment le bienvenu. Cela étant, dans ce cas précis, l’arrêt de la dépense a un goût amer. En mettant un terme à l’activité de l’INC, le gouvernement signe la fin de 60 millions de consommateurs.
Pour les Français, cela est évidemment dommageable. 60 millions de consommateurs est un titre de presse dont l’intérêt n’est pas à démontrer. Il est à l’origine de révélations dans de nombreux domaines : présence de substances dangereuses dans les cosmétiques, obsolescence programmée des produits électroménagers et high‑tech, Dieselgate, poupées sexuelles de Shein… Il est aussi un guide précieux pour les achats grâce à ses comparateurs et ses enquêtes.
60 millions de consommateurs est un magazine indépendant (pas de publicité) et utile à tous les Français. Rien que pour cela, l’État devrait maintenir son activité. Rappelons-le : « Les élus représentent les citoyens et agissent pour l’intérêt général. » Cette affaire montre que ce n’est pas le cas.
Des dépenses déraisonnables
Ce n’est pas tout : l’État ne fait pas que sacrifier un titre apolitique au service des Français dans leur quotidien, il réduit aussi drastiquement les aides allouées aux associations de consommateurs. L’année dernière, l’UFC‑Que Choisir et l’UNAF (Union nationale des associations familiales) devaient se partager un gâteau de 6,73 millions d’euros. Cette année, l’enveloppe est de 10,34 millions d’euros, mais elle va être grandement amputée par la suppression de l’Institut national de la consommation, comme précisé en annexe du PLF : « La liquidation de l’INC se traduira par un coût de 8 millions d’euros en 2026, en raison notamment des procédures de licenciement des salariés et du remboursement des abonnements restant à courir. » Ce que confirme le ministère de l’Économie auprès de Libé. Plus que le magazine, ce sont les consommateurs qui sont sacrifiés.
Ce, alors que l’État, et plus précisément le ministère de la Culture, continue de subventionner des organes de presse qui ont des allures de feuilles de chou propagandistes. En 2023, L’Humanité a touché 6,5 millions d’euros d’aide et 6,3 millions d’euros ont été alloués à Libération, tandis que La Dépêche du Midi, détenue par Jean-Michel Baylet, ancien ministre radical de gauche toujours engagé en politique, a reçu 3 millions d’euros. Y aurait-il un deux poids deux mesures ? C’est à craindre.
#webtube : Robert Ménard fait des émules ! Henri IV n’a, dit-on, jamais mis les pieds à Béziers même s’il en a créé, par lettre patente, le lycée portant son nom — mais « Ralliez mon panache blanc » semble être la nouvelle devise de Robert Ménard. Le maire de Chessy, en Seine-et-Marne, a été inspiré par son exemple et l’a même contacté pour prendre conseil. Ce maire est-il de ces braves gens qui deviennent, sur un coup de sang, des gens braves parce qu’ils n’en peuvent plus de courber l’échine ? Ou bien l’approche des élections lui souffle-t-elle dans l’oreille qu’envoyer un message de fermeté, s’agissant de la gestion de l’immigration dans sa ville, serait une bonne idée ? Difficile de savoir. Peut-être un peu tout à la fois. Quoi qu’il en soit, le résultat est là. Avec ses adjoints, il a pris la décision de démissionner collectivement plutôt que de marier un homme sous OQTF.
Pas de conte à dormir debout à Chessy
Plantons le décor : Chessy, une petite ville dont l’origine remonte, dit-on, à l’âge de fer, avec son église Saint-Nicolas et son auberge antédiluvienne du même nom, ressemble à des milliers d’autres petites villes de France. Mais elle a une caractéristique : elle est près de Disneyland. Ce n’est pas pour autant qu’il faut essayer de lui faire prendre un mariage blanc pour un conte de la Belle au bois dormant.
En mars dernier, un dossier de mariage est déposé en mairie, et comme l’impose la loi, sont auditionnés séparément les deux demandeurs. Madame – enfin, mademoiselle… – n’est pas française mais est une ressortissante européenne. Monsieur est en situation irrégulière, frappé d’une OQTF. De l’audition ressort que ce dernier semble plus motivé par ses papiers que par la mariée. De ce fait, le dossier est signalé au procureur de la République, conformément au Code civil.
Selon le maire, le procureur n’a manifestement pas rencontré les demandeurs, mais – sans doute fleur bleue, grand lecteur de la collection Harlequin ou des œuvres complètes olé-olé de Bruno Le Maire ? – il ne doute pas de la sincérité de la relation : son petit cœur lui dicte de ne pas s’opposer au mariage. L’amour n’est-il pas plus fort que tout ? D’ailleurs, dit-il, la future mariée n’étant pas française, le futur marié n’obtiendra pas de titre de séjour. Le maire lui rétorque que le conjoint d’un ressortissant européen peut bénéficier d’un titre de séjour, et le conserver même en cas de divorce.
Parce que l’union leur semble insincère et qu’ils ne veulent pas la célébrer, les officiers d’état civil ne publient pas les bans. Qu’à cela ne tienne, le couple – très bien conseillé… – engage une procédure en référé contre le maire de Chessy devant le tribunal judiciaire : une ordonnance du 10 décembre dernier enjoint publication des bans dans un délai de 48 heures et fixation de la date du mariage avant la fin de l’année 2025.
On admirera la cacophonie des représentants de l’État. Le préfet, le maire, le procureur tirent chacun dans une direction opposée. Et c’est, à la fin, l’édile qui paie les pots cassés et risque d’être condamné.
Car si des deux solutions possibles – rester maire ou démissionner en chœur -, de l’avis même de Robert Ménard, celle du maire de Chessy est la plus astucieuse… il n’est pas impossible que le procureur, in fine, le poursuive.
L’épée de Damoclès au-dessus de Robert Ménard
Robert Ménard, quant à lui, considère avec sympathie son émule, qu’il qualifie de courageux, en plus imagé, c’est-à-dire doté de cet organe dont Chirac disait qu’on ne pouvait pas faire de greffe, faute de donneurs. Quant à lui, qui a montré l’exemple, il attend la date de son procès en correctionnelle. Il n’est pas du genre à se coucher : il aurait pu faire une passe à l’aile à l’un des ses adjoints pour s’en sortir discrètement en sauvant la face, comme le lui conseillaient certains. Il n’a pas, non plus, suivi les sirènes du procureur qui lui glissait qu’il suffisait de plaider coupable pour éviter que ça aille plus loin. Puisque coupable, il ne l’est pas.
Mais la correctionnelle est une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si une amende peut se payer, si une peine de prison, quand même, paraît peu probable… il en va autrement du spectre de l’inéligibilité. Surtout depuis que l’exécution provisoire est devenue très à la mode.
L’empêcherait-on de se présenter, lui, le maire emblématique de Béziers, si populaire, qui a relevé avec tant de talent sa ville ? C’est improbable… mais possible. Car en France, aujourd’hui, tout est possible. « Ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez au chemin de la victoire et de l’honneur », c’est la phrase complète. Et elle sied assez bien à ces édiles.
#webtube : De Berlin à Marseille, Emmanuel Macron se montre et discourt, mais ne convainc plus personne. Emmanuel Macron poursuit son tour des capitales européennes. Lundi soir, il était à Berlin, capitale de l’Union européenne, Bruxelles étant en quelque sorte le bras armé de la République fédérale d’Allemagne. Mardi matin, il débarquait à Marseille, malheureuse capitale du narcotrafic. Un agenda présidentiel ne suit pas forcément une logique particulière, mais ces deux rendez-vous rapprochés symbolisent tristement l’impuissance d’un Président, désormais Premier ministre de la Parole ou plutôt du Langage, pour reprendre l’expression du ministre Taillard de Worms, incarné par Thierry Lhermitte dans le film Quai d’Orsay. Emmanuel Macron parle. Inlassablement. En tout cas, pour ce qui le concerne, car la lassitude des Français est une réalité, si l’on en croit la cote de popularité du Président.
Macron relégué au second rôle
À Berlin, néanmoins, on ne l’a pas trop entendu. En effet, ce lundi, 15 décembre, c’est Friedrich Merz qui a mené la danse puisque, pour traiter de la question ukrainienne, le chancelier allemand a réussi le petit exploit de mettre autour de la table à la fois les envoyés de Trump, le président ukrainien et les principaux chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne. Il fallait le faire quand on sait, rapporte Le Monde, que Jared Kushner, gendre et représentant de Trump, avait déclaré, par l’intermédiaire de sa porte-parole, qu’il était « extrêmement frustré » par les « réunions qui n’ont d’autre but que de se réunir »… Le Monde relate que, « dissimulant mal son agacement, la France a, d’ailleurs, tardé à confirmer la venue d’Emmanuel Macron à Berlin, ne l’officialisant qu’à la dernière minute ». Merz semble « prendre le lead » dans le concert européen, comme on dit, après quelques mois de rodage un peu laborieux, et Macron condamné à l’effacement ou, tout du moins, à jouer les seconds rôles.
Nous avançons unis pour une paix robuste et durable en Ukraine.
Avec les Européens, les Ukrainiens et les Américains, nous renforçons notre convergence : soutien militaire, garanties de sécurité robustes, reconstruction.
Ces dernières négociations ont permis des avancées sur les garanties de sécurité des États-Unis et Trump a estimé qu’« un accord n’a jamais été aussi proche ». Certes, rien n’est gagné. Ce mardi, le président de la commission des affaires étrangères au Parlement russe, Leonid Sloutski, a accusé le président ukrainien Zelensky et les Européens d’avoir torpillé le processus de paix et agité le spectre d’une Troisième Guerre mondiale. Mais l’on retiendra que, désormais, c’est l’Allemagne qui est au centre de la photo, comme elle est au centre de l’Europe, où elle pèse de toute son économie. Pas Macron. La seule parole de Macron que l’on retiendra à Berlin est sa réaffirmation de son opposition (pour le moment…) à la signature du traité avec le Mercosur et qu’il a plaidé pour un report en 2026 du vote prévu au Conseil européen cette semaine. Très bien, et, donc ?
« On commence à faire bouger les choses… »
Autre salle, autre ambiance : Marseille, maintenant. Soulignons que ce passage dans la cité phocéenne s’inscrit dans sa grande croisade sur la question des réseaux sociaux en faisant le tour des rédactions de la presse quotidienne régionale. Emmanuel Macron adore Marseille. Il y avait même passé ses premières vacances de Président, durant l’été 2017. C’est dire. Marseille : on ne compte plus le nombre de fois où il a déboulé sur le Vieux-Port. Il y a quatre ans, il lançait son plan « Marseille en grand ». L’an passé, à la même époque la Cour des comptes avait flingué le « contrat d’ambition » voulu par Macron, en dénonçant notamment « une organisation indigente » et l’incapacité des élus à s’entendre sur la conduite du plan. Étonnant ! Sur les cinq milliards d’euros annoncés dans ce plan, seul 1,31 % de l’enveloppe avait été engagé. Vous me direz qu’il vaut peut-être mieux ça qu’un rapport qui aurait constaté que 98,69 % de l’enveloppe avait été jetés dans le Vieux-Port. Mais ça y est, les choses ont démarré sérieusement, puisque « ce taux est passé à 62 %, et 87 % des crédits sont désormais attachés à des projets », claironne l’Élysée. Ce que l’on retiendra surtout de cette visite à Marseille, ce sont évidemment les déclarations de Macron sur le narcotrafic. « Ras-le-bol du narcotrafic qui fout nos villes et nos quartiers en l’air. On a changé de méthode et on commence à faire bouger les choses. » Ça fait huit ans que l’homme est « au pouvoir » et il commence à faire bouger les choses…
Ras-le-bol du narcotrafic qui fout nos villes et nos quartiers en l’air. On a changé de méthode et on commence à faire bouger les choses. pic.twitter.com/cvMRZ1L38Z
Pas certain qu’un président de la République soit obligé de parler comme au bistrot du coin mais, cela dit, comment ne pas entendre ce discours ? Pas certain, non plus, que le passage de 150 à 500 euros d’amende forfaitaire pour les consommateurs de drogues soit vraiment à la hauteur de l’enjeu, alors que des millions, voire milliards d’euros, sont brassés. Et le candidat RN à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a beau jeu de rappeler que 72 % des Français sont favorables à l’instauration d’un état d’urgence à Marseille pour lutter contre le narcotrafic. Mais quoi qu’il en soit, Macron, parle, parle. Inlassablement. Il n’est pas ministre de l’Intérieur ni ministre de la Justice (les deux titulaires de la charge l’escortaient), il n’est pas non plus chef du gouvernement, mais il parle comme s’il était tout ça à la fois, alors que, paradoxalement, il n’a aucun majorité derrière lui. La caravane de l’impuissance continue sa tournée.